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Druidisme Antique

Le Druidisme est le nom que l'on donne à la religion que pratiquaient la plupart des Celtes de Gaule, de Bretagne, d'Irlande et probablement d'ailleurs, avant la Romanisation et la Christianisation de leurs sociétés. C'est une forme de Paganisme dirigé par un puissant Clergé à la tête duquel se trouvaient les Druides ou "Très Savants". Nous savons peu de choses sur le Drudisime authentique, le peu de sources connues sont les témoignages de peuples voisins parfois hostiles, la Mythologie Celtique Médiévale etdruide_piece_diviciac.jpg l'Archéologie. Aussi, des traces de ce culte semblent subsister dans la pratique Gallo-Romaine et certaines festivités populaires Catholiques, mais tout cela ne suffit pas à avoir une vision fiable et on reste dans le flou. Les Druides connaissaient les Pythagoriciens, il est même très probable que des échanges philosophiques, religieux et scientifiques aient eu lieux entre ces 2 courants.

Si vous ne l'avez pas encore lu, voyez l'article précédent : Les Druides Gaulois

Enseignement Druidique : Contrairement à une idée reçue, les Celtes connaissaient l'écriture, mais il leur était interdit de s'en servir pour ce qui relevait du Sacré et de la Traditions. Les Druides privilégiaient la mémoire, car d'une part cela était bénéfique pour l'esprit, mais surtout parce que leurs connaissances étaient évolutives et ne devaient pas restées figées. Aussi, ils ne représentaient quasiment jamais leurs divinités, contrairement aux Méditerranéens qui en faisaient des statues antropomorphes. C'est pour cette raison qu'on n'a que peu d'iconographie de la Religion Gauloise d'avant la Romanisation. L'Irlande fait un peu exception puisqu'elle développa tardivement une écriture sacrée nommée "Ogham" dont la mythologie attribue l'invention au Dieu Ogma, ce qui le rapproche d'Odin et des Runes, mais ceci ne sera pas détaillé ici.

Pratique Religieuse : On ne sait quasiment rien de concret d'une cérémonie Celtique pré-Romaine, à part que comme les autres peuples de l'Antiquité, on faisait offrandes de nourriture, libations d'alcool, sacrifices d'animaux, banquets rituels, bûchers purificateurs... Dans le but d'obtenir bonne santé, abondance alimentaire, victoire militaire, météo favorable, comme dans la plupart des religions. On a aussi retrouvé nombre de monnaies, de bijoux et d'armes dans différents lieux de culte mais surtout dans des puits, des marécages ou des lacs, probablement des cadeaux aux Divinités qui les habitaient, cette tradition a perdurée jusqu'au début du Moyen-Age et se retrouve encore partiellement de nos jours avec les fameuses pièces jetées dans les fontaines pour exaucer des voeux. La pratique des "Ex-Voto", c'est-à-dire d'offrandes matérielles et de prières à des sources ou autres lieux de cultes en espérant la réalisation d'un voeu comme une guérison, est attestée, bien qu'elle soit plus fréquente à l'époque Gallo-Romaine. Cela fait penser un peu aux Pélerinages Chrétiens comme à Lourdes.

druide_cueillette.jpgPline l'Ancien décrit une Cérémonie Druidique de Cueillette du Gui de Chêne avec une Serpe d'Or, plante sacrée qui aurait servie à faire des remèdes, comme d'autres probablement. Ce thème a souvent été repris dans la culture populaire, pourtant les archéologues ne pensent pas que ce rituel puisse être accompli avec ce métal, trop précieux et surtout trop mou. Il semble plus probable qu'il s'agisse d'un outil en bronze ou un autre matériau qui puisse faire paraître l'instrument "doré" vu de loin. Des arbres tels des Pins, Chênes et Pommiers avaient un symbolisme fort, ainsi que certains animaux comme des Sangliers, Corbeaux, Saumons, Cerfs, et quelques uns fûrent consacrés à des fins religieuses. On pouvait par exemple trouver des Arbres Sacrés ou des animaux apprivoisés près des temples, tradition qui sera conservée pendant la période Gallo-Romaine.

Les Druides se servaient de l'eau pour faire des Lustrations (purifications par l'eau) par exemple des nouveaux-nés, et du feu pour purifier les champs et le bétail comme pour les Brandons traditionnels. Les incantations étaient aussi importantes pour ces sages qui ne juraient que par l'oralité.

Sacrifices Humains : Les auteurs Grecs et Latins disaient également que les Celtes pratiquaient le sacrifice humain. Ceci est confirmé par l'Archéologie, mais ne semble pas une pratique courante, et consistait souvent, quoique pas exclusivement, à ritualiser l'exécution de prisonniers ennemis et peut-être la dédier aux Dieux de la Cité. Ils tranchaient également les têtes des vaincus et les ramenaient chez eux pour les clouer sur les porte, ou les incruster dans les murs de fortifications, des temples, ou parfois les conserver dans de la résine de pin afin de les exhiber comme trophées.
On a aussi retrouvé des gens tués volontairement et enterrés dans des caisses ou jetés dans des marais, parfois même des enfants, mais si le contexte ni la signification ne sont connus, s'il s'agissait de sacrifices, de punitions, les 2... On ne sait pas.

D'après les écrits antiques, les Druides Gaulois faisaient des sacrifices humains spécialement aux Dieux Taranis, Toutatis et Esus par incinération, noyade ou pendaison. Ils pouvaient aussi tuer pour d'autres divinités avec des flèches, par crucifixion, en brûlant vif des gens dans de grands mannequins de paille ou d'osier ainsi que dans des cages de fer. Là aussi, il est difficile de savoir s'il s'agissait d'exagérations à des fins de propagande contre les Barbares, si cela a seulement existé, et si oui à quelles époques, puisque l'Age de Fer qui caractérisait les Celtes a duré des siècles durant lesquels beaucoup d'évolutions ont eu lieues.

Lieux de Culte : Les Celtes se servaient de sources, d'arbres sacrés, de grottes, de sommets de montagnes pour y rendre un culte qui nous semble proche de la Nature, bien que l'archéologie mette au jour de plus en plus de temples où se déroulaient sacrifices, offrandes, libations, banquets communautaires, expositions de dépouilles ennemies comme des armes, de l'or ou des crânes, ainsi que celles des guerriers de la Cité avec leur monture pour les honorer d'être tombés pour la victoire. Les lieux consacrés, qu'ils soient en pleine nature ou bâtis, étaient nommés "Nemeton" ce qui signifie Sanctuaire en Gaulois.

Il semblerait qu'une partie des lieux de cultes soit ceux des populations pré-Celtiques, que lesnemeton_dessin.jpg envahisseurs ont repris à leur compte en adoptant la Divinité honorée ou en y plaçant une des leurs.
Les premiers lieux de cultes étaient simplement une série de fosses creusées pour y recevoir des animaux et armes sacrifiées (épées tordues, torques sectionnés, etc), simplement délimitées par un carré tracé à même la terre servant de séparation de l'aire cultuelle consacrée. Puis avec le temps la pratique évolua en ajoutant un toit au-dessus des trous pour les protéger des intempéries, puis des fossés comme délimitations, et de palissades de bois, avec de grands porches en tant qu'entrée, décorés d'armes et de crânes d'hommes ou de bovins. Les animaux sacrifiés étaient retirés au bout de quelques mois quand la carcasse était suffisamment «consommée» afin de nettoyer la fosse pour la prochaine cérémonie.

Des Sanctuaires Mémoriels ont aussi été découverts, qui marquent la fin d'une bataille victorieuse. On consacrait un arbre, un bosquet ou une hauteur proche qui serait témoins des combats en y pratiquant des sacrifices d'armes et d'animaux ainsi que des offrandes de monnaie et de bijoux, à proximité on construisait une sorte de temple où l'on enterrait les morts ennemis, accrochait les armes en faisceaux et une partie des crânes nettoyés. On exposait parfois les héros morts pour la tribu avec leurs chevaux que l'on laissait pourrir naturellement, car fut un temps où l'on croyait que pour qu'ils rejoignent le Paradis des Guerriers les corps devaient être mangés par les corbeaux ou les vautours afin qu'ils accompagnent leurs Âmes auprès des Dieux. Ces lieux de mémoire étaient parfois volontairement laissés à l'abandon pour que le temps les efface, parfois ils étaient nettoyés et réaménagés, les Archéologues ont découvert dans le Nord des Gaules des autels fabriqués avec des os d'humains et de chevaux visiblement brûlés.

César disait aussi que chaque année, les Druides de toute la Gaule se réunissaient dans la Forêt des Carnutes, un lieu consacré dans l'actuelle région de la Beauce au Sud-Ouest de Paris, mais cela n'a pas été prouvé à ce jour.

En Auvergne sur l'Oppidum de Corent un gigantesque temple a été déterré, correspondant probablement au lieu où, d'après des auteurs Grecs, le Roi Luern organisait ses cérémonies et ses banquets sans fin. Des os de bovins, de chiens, de porcs, de moutons, de chevaux démontrent que les animaux y étaient sacrifiés aux Dieux puis consommés. Un nombre incroyable d'amphores de vin importées de Méditerranée via Massilia ont été découvertes, la plupart décolletées à l'épée. On suppose qu'il s'agit d'une forme de libation ritualisée en sacrifice, peut-être le vin évoquait-il le sang. Ce qui est certain, c'est que faire venir ce breuvage coûtait cher et cela témoigne de la grande richesse de Luern, voire de la Cité ou encore de l'Arvernie (Auvergne) de l'époque.
De telles pratiques, peut-être dans une moindre mesure, sont également observées dans le temple du plateau de Gergovie et à Gondole.
Un Temple Gallo-Romain dédié à Mercure Dumias existe au sommet du Puy-de-Dôme. On ne sait pas si un temple Celtique existait auparavant à cet emplacement, mais il est probable que des cérémonies religieuses y étaient pratiquées, et peut-être même encore avant par les peuples de la Préhistoire. Les Romains latinisaient les lieux de cultes des Druides pour accroître leur emprise.

Toujours dans notre belle province, on trouve pas mal de mégalithes qui ont été interprétés comme des lieux de culte ou des tombes Druidiques, comme l'Autel des Druides dans la ville de Murol. Nous savons aujourd'hui que c'est un anachronisme puisque ces pierres sont bien plus anciennes que la Civilisation Celtique, mais cette idée est restée dans le Folklore local et participe indirectement à maintenir la mémoire des Clercs de nos Ancêtres.

Calendrier Liturgique : D'après César, les Druides enseignaient aux Gaulois qu'ils descendaient de Dis Pater, Dieu Romain correspondant à Pluton, Seigneur des Enfers. Ce serait pour cela qu'ils avaient un Calendrier Lunaire, comptaient les jours à partir des nuits, que les mois correspondaient aux lunaisons (donc entre 29 et 30 jours) et que l'année Celtique commençaient à Samonios, l'équivalent de notre Toussaint/Halloween en plein Automne.
Mais à quel Dieu Gaulois correspondrait ce Dis Pater? Une divinité chtonienne et/ou nocturne, probablement, et qui fasse figure d'Ancêtre National. Il n'y a pas consensus de la part des spécialistes sur la question, mais on a 4 bons candidats potentiels: Cernunnos, Toutatis, Sucellos ou Ogme.

Comme chez beaucoup d'autres peuples, les Celtes considéraient que l'année se divisait en jour Fastes donc bénéfiques à entreprendre quelque chose comme du travail ou la guerre, et des jours Néfastes où les Dieux n'étaient pas favorables à des projets et où il était préférable de prier, un peu comme quand l'Eglise Catholique interdisait de travailler les Dimanches et jours fériés. En Langue Gauloise on parlait de jours Matu et Anmatu.

En Irlande Païenne il existait 4 fêtes majeures, dont 1 est bien attestée en Gaule, pas les autres bien qu'elles aient probablement existées, et nous sont parvenues déformées par le Catholicisme. Bien que le Calendrier Gaulois soit différent du nôtre, on peut essayer de placer approximativement leurs fêtes pour se donner un ordre d'idée. L'année commence donc en Automne avec Samain le 1er Novembre, puis Imbolc le 1er Février, Beltaine le 1er Mai et enfin Lugnasad le 1er Août. Ces fêtes correspondent à la Toussaint, la Chandeleur, l'Arbre de Mai et la Saint-Pierre-aux-Liens.
Samain a été retrouvée en Gaule sous le nom de Samonios, fête semblait durer 7 jours dont les Trinox Samoni ou les "3 Nuits de Samonios". Ce dernier détail est curieux puisqu'aujourd'hui dans le Catholicisme on a les Vêpres des Trépassés le 31 Octobre, puis la Toussaint le 1er Novembre et enfin le Jour des Morts le 2 Novembre.
Bien entendu, il devait exister de nombreuses autres fêtes et traditions Celtiques sans compter les célébrations propres à chaque Cité.

Doctrine religieuse : on sait peu de choses de manière certaine sur la Théologie Druidique. Ce qui semble presque sûr, c'est qu'ils enseignaient que l'Ame était immortelle et survivait à son enveloppe corporelle. Les Auteurs Antiques disaient que les Celtes, à l'instar de Pythagore, croyaient que leur Esprit quittait leur corps à leur mort pour en trouver un nouveau plus tard, tandis que l'iconographie Gallo-Romaine et la Mythologie Irlandaise semblent indiquer leur foi en un Au-delà, peut-être souterrain, dirigé par un ou plusieurs Dieux règnants.

chaudron_gundestrup.jpgIl est aussi probable que les Druides étaient polythéistes et vénéraient de nombreux Dieux, même si diverses théories sur leur éventuel Panthéisme ou Monisme circulent et que les divinités ne seraient alors que de différentes expressions de la même puissance qui serait l'essence même de l'Univers.

Le reste est comme ces données évoquées ci-dessus, beaucoup soumis à l'interprétation des chercheurs qui disposent de peu de sources claires. Aussi, un autre article dédié à la Philosophie Drudique et leur Mythologie fera suite à celui-ci. Mais il sera probablement au conditionnel, toujours à cause du manque d'informations fiable. De même, le sujet de la pratique du Druidisme Antique a à peine été effleuré ici, il est probable que la page que vous êtes en train de lire soit enrichie dans un futur proche.

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Commentaires

  • Excellente synthèse, en dehors d'une chose : les dates. On était sur un calendrier luni-solaire, aussi les premiers de mois restent calés sur un calendrier julien-grégorien/romain-chrétien. Erreur. Ça devait bouger, rapport à ce calendrier, dans la veine des jours fastes/matu et néfastes/anmatu. En tout cas bravo pour cette synthèse, je voudrais bien que tu me relances si tu fais des modifications de cette page.

    Ah et : sur le Dis Pater, évoquer l'assimilation à Silvanus de Sucellos par les Romains n'est pas du luxe, Sucellos qui lui-même est un Dagda gaulois. C'est le "farmer" gaulois, qui se situe à la frontière entre deux mondes, cultivé et sauvage, et potentiellement des vivants et des morts, à la manière du monde insulaire que tu évoques. Valéry Reydon semble aussi aller par là, sur les deux mondes, ce monde et l'autre, plutôt que fatalement vers le chthonien.

    On voyage vers Avalon, au Couchant... qui certes reconduit, d'une manière ou d'une autre, vers le Nadir, vers l'En-Bas, vers "le monde chthonien". Tout se passe comme si l'à-côté de l'autre monde, "parallèle", fonctionnait aussi "symétriquement", du dessus au dessous. L'Ouest/Nord/Nadir, l' "arrière", qui revient au "devant" par l'Est/Sud/Zénith, comme en conscience déjà que la Terre est ronde (connaissance druidique ???). La mécanique des sphères. Mais je suis allé loin. - Merci pour cette excellente synthèse, je le redis.

  • Désolé de ma lenteur, je n'ai plus une minute à moi...

    Au sujet des fêtes, vous avez raison de le préciser, j'ai sous-entendu que les calendriers ne correspondaient pas mais ça me paraissait plus simple de procéder ainsi pour se donner un ordre d'idée.

    Sur Sucellos, j'avoue que j'ai fait tout ce que j'ai pu, chercher dans mes bouquins, naviguer sur Persee, sur Acadamia, sur Deo Mercurio, sur Wikipedia, interroger mes contacts... Rien à faire, c'est le flou total ! Selon les sources, Sucellos est Dagda, ou Cernunnos, ou Silvanus, ou Taranis, ou Dis Pater, ou Dionysos, ou tout ça en même temps... Céleste, Infernal, Rural, Druidique, Artisan... Rien ne permet de le placer... Soit on a trop d'interprétations sans avoir de certitudes sur ses fonctions et sa place, soit il est très polyvalent comme Lug. La comparaison avec Dagda semble juste, pourtant rien ne prouve que ce soit le cas tant qu'on n'est pas certain de ses fonctions propres

  • Tu n'as pas à être désolé. Mais, entre nous, tout ce beau monde manque de sens oraculaire. Je sais, je sais, tu "n'" es "qu'" un amateur de recherches celtiques, pas un païen contemporain. Merci pour ton scrupule abrasif.

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