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La Révolution vue de l'Auvergne

Avant Propos : La Révolution Française de 1789 est un sujet très politisé qui rend son analyse objective compliquée, ce qui est d’autant plus vrai quand on doit l’aborder du point de vue local. En effet, les sources les plus abondantes traitent des évènements Parisiens, qui sont perçus différemment en Province, surtout en Auvergne, où chaque commune en a une vision différente. Aussi la diversité des sources, et l'orientation politique des municipalités au moment des faits rend le travail de synthèse difficile. Notez aussi que cette page pourrait s'enrichir si l'on trouve d'autres éléments à y incorporer ou qui contrediraient certains des éléments évoqués.

Pour simplifier la lecture, le choix a été fait de décomposer la Révolution par thèmes et non de l'aborder par une chronologie qui pourrait sembler rébarbative.

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Contexte

Le XVIIIème Siècle a eu quelques moments d'essor économique en France et de nouvelles classes sociales urbaines comme les Bourgeoisies marchandes et financières émergent. Quelques personnes issues de ces milieux arrivent même à être promues fonctionnaires ou magistrats et aspirent à toujours plus de pouvoir, mais le Système Monarchique privilégie les Aristocrates et les Clercs aux postes clef. Il faut réussir à se distinguer pour entrer dans les faveurs des puissants, voire se faire anoblir. On doit distinguer 2 types de Noblesse :
- la Noblesse d'Epée, descendante d'anciennes familles militaires issues de l'Aristocratie ou de soldats anoblis pour faits d'armes;
- la Noblesse de Robe, issue des couches de la société éduquées et souvent aisées ayant été anoblies pour divers services rendus ou qui ont achetées leurs titres et se retrouvent à des postes de gouvernement, de finance, de justice ou autres, mais qui n'ont pas nécessairement servies dans l'Armée Royale.
Cela dit, il existait aussi des cas de Nobles "d'Epée" qui abandonnaient leurs fonctions chevaleresques pour entrer dans les métiers de la finance et de Nobles "de Robe" qui s'engageaient comme militaires. Un Noble n’est pas forcément riche, certains se contentant de vivre de la rente liée à leurs Titres et leur solde liée à leur grade dans l’Armée, ainsi que de ce que produisent leurs fermiers. Il arrivait que des Aristocrates ruinés vendent leurs Titres de Noblesse et leurs domaines à d’autres Aristocrates ou des Bourgeois plus fortunés.  
Durant cette période même les petites gens profitent des conditions économiques favorables : des paysans mettent de l'argent de côté pour payer des études à leurs enfants ou pour acheter du terrain afin d'agrandir leurs parcelles.
Malheureusement vers les années 1780 une série d'évènements climatiques dramatiques, en partie provoqués par les éruptions du volcan Grímsvötn en Islande entre 1783 et 1785, accentuent le phénomène de Petit Aire Glaciaire. Le prix des céréales, du bois de chauffage et du charbon grimpent ainsi en flèche. Tout le Royaume est en crise, les Etats Généraux sont alors convoqués par le Roi et chaque paroisse rédige ses cahiers de doléances pour décrire sa situation et ses revendications.

L'Auvergne de ce siècle est une Province assez pauvre, surtout dans les parties montagneuses. De plus, les villages commencent à être surpeuplés. Lorsqu'arrive la saison agricole creuse, aux environs de la Saint-Michel (29 Septembre), nombre de ces Paysans des hauteurs émigrent pour trouver des emplois saisonniers dans d'autres Provinces. Beaucoup deviennent scieurs. Ils partent à pied par groupes entiers avec leurs outils et se logent dans des habitations précaires au loyer le plus bas possible, pour ne pas gaspiller l'argent qu'ils gagnent en tant que saisonniers. La plupart ne reviennent chez eux qu’à partir de mai voire à la Saint-Jean (24 Juin).
Les idées Révolutionnaires commencent déjà à être diffusées pendant l'Assemblée Provinciale en 1787 par l'Aristocratie Libérale Auvergnate.
Les récoltes ont été mauvaises surtout en 1788 où on alterne une sécheresse au printemps, suivie de grêles dévastatrices et d'un hiver très dur considéré comme le plus terrible depuis 1709, d'autant que les parties montagneuses n'étaient déjà pas très propices à l'agriculture. On a produit peu de foin, peu de fruits, peu de vin et il est mauvais, peu de céréales...
Les cahiers de doléances d'Auvergne dénoncent une situation fiscale abusive, difficilement tenable. On peut y lire que le Tiers-Etat demande la baisse de l'impôt ou que le Clergé et la Noblesse y contribuent, ainsi que le retrait de la corvée et de la dîme. De leur côté, les Nobles de tendance libérale élisent le Marquis de La Fayette comme représentant, un Humaniste ayant participé à la Révolution Américaine dont il s'inspire beaucoup. Il faut ajouter que la justice est compliquée, en effet il peut y avoir plusieurs systèmes judicaires pour la même zone : le droit coutumier provincial, le droit spécifique à la commune et le droit royal, ce qui rend parfois les procès difficiles à suivre. Une mise au clair et une harmonisation du système judiciaire Auvergnat est souhaitée. Mais il n'y a pas d'animosité envers le Roi, et les locaux restent très majoritairement Traditionalistes, attachés à leurs coutumes et à leur Foi.

Le début de la Révolution

La Capitale était déjà au bord de l'insurrection et de la guerre civile depuis un bon moment à cause de la crise économique. La prise de la Bastille par les Révolutionnaires Parisiens a lieu le 14 Juillet 1789, ce qui déstabilise profondément tout le Royaume. En effet, bien que cette prison n'ait qu'une importance symbolique (7 détenus seulement le jour de la prise, dont 4 faussaires et 1 dément, les Révolutionnaires s’intéressant surtout au stock d'armes), elle reste un symbole du pouvoir ; ce qui signifie que celui-ci n'est même plus capable d'assurer sa propre défense, alors comment pourrait-il protéger ses sujets, déjà qu'il n'arrivait pas à résoudre la faim et la pauvreté ?

Cela dit, la Révolution Parisienne fait des émules en Province, même si la violence est souvent moindre. Dans toutes les communes on plante des Arbres de la Liberté, des peupliers symbolisant la fin de l'Ancien Régime et le début d'une nouvelle ère pour le Peuple Français. Il y a aussi des cas de résistance passive comme dans le Cantal où des Paysans ont simplement arrêtés de payer ce qu'ils devaient à leurs Seigneurs, sans que ceux-ci ne puissent y faire quoi que ce soit. On a aussi le cas d'Allassac, où les locaux ont retirés le banc réservé au Seigneur dans l'Eglise du village.

L'Emigration

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 Certains commencent alors à émigrer dans les pays voisins, ne voulant pas attendre que cela dégénère. Mais contrairement à ce que l'on pourrait croire, les Nobles et les Clercs représentent un peu moins de la moitié des personnes qui fuient la Révolution, et parmi le Tiers-Etat les Bourgeois sont moins nombreux à partir que les Paysans. Si certains partent pour des raisons politiques, d'autres ont tout simplement peur pour leur sécurité dans cette ambiance de guerre civile. Les Révolutionnaires sont d'abord très satisfaits des départs de leurs ennemis, mais ils vont plus tard se rendre compte que c'est une catastrophe sur le plan économique, puisque des capitaux et de la force de travail fuient, mais aussi sur le plan militaire, car nombre de Nobles sont des officiers expérimentés avec des troupes sous leurs ordres qu'ils entretiennent à leurs frais. Cela fait moins de soldats pour la France, mais il y a aussi le risque qu'ils rejoignent des coalitions ennemies. Dès 1791 les Révolutionnaires essayent d'enrayer ce phénomène par des arrestations, des saisies de biens, des déchéances de droits de qui tenterait de fuir le territoire ou collaborerait à des sorties, jusqu'à la peine de mort pour ceux qui prendraient les armes contre le nouveau régime. Au fur et à mesure que la Révolution progresse, les tentatives de fuites se font plus nombreuses.
Parmi les Auvergnats influents qui quittent le Royaume, on peut citer le Député Bégon de la Rouzière, le Duc de Bourbon-Condé, des anciens élèves de l'école militaire d'Effiat, l'Evêque de Clermont François de Bonal, Charles-Antoine-Claude de Chazerat Comte de Lezoux, Vicomte d'Aubusson, Seigneur de Ligonne et dernier Intendant d'Auvergne.

La Grande Peur

Durant l'Eté 1789, La Grande Peur gagne plusieurs provinces dont l'Auvergne, mais pas le Bourbonnais. On raconte que des bandes de brigands veulent profiter du chaos de la Capitale pour piller les campagnes et les villes, ou que les Nobles complotent avec leurs troupes pour s'accaparer le peu de récoltes disponibles chez leurs Paysans, histoire d'avoir du stock le temps que la crise passe. Les tocsins sonnent, les milices s'arment, et on attend de pied ferme les pillards. En vain, puisqu'ils ne viendront jamais ! Quelque fois, les miliciens sortent pour aller au-devant de l'ennemi, qu'ils ne rencontrent jamais, mais sont aperçus par les villages voisins qui eux aussi croient qu'il s'agit de pillards et se mettent également en état d'alerte. Il arrive que les paysans faisant partie de ces expéditions, décident de prendre d'assaut les châteaux, ayant peur qu'il y ait vraiment un Complot Aristocratique contre eux, ou voulant régler des comptes avec leurs Seigneurs, ou simplement poussés par la faim. Ils délestent alors les Nobles d'une partie de leurs richesses, provisions, meubles et brûlent les cahiers féodaux où leurs dettes et corvées sont notées, et quite à faire, la forteresse avec. Pourtant, les Châtelains pris d'assaut ne se seraient pour la plupart pas défendus, se faisant tabasser par leurs gens sans bouger. Beaucoup sont surpris de cette réaction et accusent le Duc d'Orléans (ce dernier est souvent mis en cause dans les évènements qui déstabilisent Louis XVI et ses soutiens) d'avoir fait courir ces rumeurs de complots exprès pour exciter les paysans contre eux. Environ 9 châteaux auraient été incendiés en Auvergne durant la Grande Peur. Souvent, les auteurs des faits ne sont même pas traduits en justice. D'autres incendies et pillages de châteaux ont eu lieu à d'autres moments de la Révolution, bien que ce soit parfois des brigandages ou le fait des autorités Révolutionnaires ou qu'il s'agisse quelques fois de demeures abandonnées par des émigrés.
Beaucoup de ces miliciens qui se sont mobilisés pendant la Grande Peur se réuniront pour devenir la Garde Nationale de leurs villes respectives.

Réformes de l'Assemblée Nationale Constituante

L'épisode de la Grande Peur a effrayé l'Assemblée Constituante, qui vote alors l'Abolition des Privilèges le 4 Août 1789 pour calmer le jeu. Ce vote supprime les 3 Ordres Féodaux : le Clergé qui s'occupait du culte et de la culture, la Noblesse qui assurait la défense, et le Tiers-État qui travaillait. Les 2 premiers Ordres avaient des métiers qui leur étaient réservés et ne payaient pas l'impôt. Ils vivaient en grande partie de la production du 3ème Ordre, de plus la justice s'exerçait différemment selon le rang. La nouvelle loi supprime tout cela, chaque individu peut alors exercer n'importe quelle profession, paye des taxes et les tribunaux doivent être équitables. De même, la Chasse au grand gibier n'est plus réservée aux Nobles. Cette réforme est bien accueillie par le Tiers-Etat, même si certaines personnes avaient déjà abandonnées leurs privilèges bien avant les évènements de l'Eté 1789, comme des Aristocrates du Bourbonnais qui s'en étaient séparés lors de l'Assemblée de Moulin le 21 Mars.

Le 1er Décembre 1790, la Gabelle, ou Impôt Royal sur le Sel (TVA sur le Sel dirait-on), est supprimée, car source de grands mécontentements dans certaines provinces, surtout dans celles du Nord et du Sud-Est de la France. Le sel étant le seul moyen de conserver et donc de stocker les aliments, elle touchait presque tout le monde. Son prix était peu élevé en Auvergne mais fort dans le Bourbonnais. Elle sera remise plus tard sous Napoléon Ier.

Mais ce n'est pas tout, car il s'agissait d'une Société de Privilèges : chaque ville, chaque province, chaque corporation de métiers, chaque guilde, chaque université avait ses privilèges propres. L'Auvergne avait son propre Droit Coutumier qui prévalait sur la Loi Royale, mais tout ceci sera harmonisé au niveau National.
2 ans plus tard, tous ces groupements géographiques et/ou professionnels sont tout simplement abolis par la Loi Lechappelier de 1791 et d'autres décrets, ce qui libéralise le travail en permettant la liberté d'entreprise et la libre concurrence sans distinction de classe. Tout ceci était très régulé durant l'Ancien Régime. La nouvelle Loi supprime tout intermédiaire entre le travailleur et son patron, ou l'apprenti et son maître, interdisant également les rassemblements d'ouvriers, de paysans ainsi que les grèves. Le but initial était de promouvoir l'intérêt individuel et l'intérêt national contre les groupes de pression (lobbies) des différents corps de métiers ou de commerces qui pouvaient bénéficier de certains régimes ou territoires particuliers.

De même au fur et à mesure que se dessine la Citoyenneté Française, débarrassée de toute référence aux origines sociale qui existait dans l'ancienne société d'Ordres, l'Assemblée veut aussi s'attaquer à l'Identité Spirituelle du Royaume. En effet seul le Catholicisme est reconnu officiellement ; le Protestantisme et le Judaïsme n'ayant qu'un Edit de Tolérance leur permettant d'exister légalement, mais n'ayant pas autant de droits que ceux qui ont la Vraie Foi. Puisqu'il n'y a pas vraiment d'Etat Civil, toute la vie des Français est répertoriée par le Clergé au niveau paroissial, du Baptême à l'inhumation en passant par les mariages. Bien entendu les épousailles interreligieuses ne sont pas officialisables. Aussi les Noirs Affranchis en provenance des Colonies sont libres mais leur nombre augmentant dans le Royaume, il est interdit depuis 1778 aux Sujets Blancs d'épouser des gens de couleurs et des métis, afin de préserver la pureté de leur Sang. Les mariages entre classes sociales différentes sont également rares.
Tout cela sera aboli petit à petit avec la conception Révolutionnaire de la Citoyenneté qui ne regarde pas l'origine sociale ni religieuse, de même pour la Race même si ce dernier point est surtout abordé au niveau des Colonies où l'Esclavage est pratiqué. En effet, il n'y a que très peu de gens de couleurs et leur présence est quasiment exclusive aux villes portuaires et à la Capitale.

Pour faire court, l'Assemblée Constituante travaille à tout ce qui est relatif à ce qui défini le Citoyen Français devant la Loi dès 1789 et le gros du boulot est terminé en 1792 où l'Etat Civil est mis en place : est Français qui a des parents Français ou qui est né en France ou qui épouse une Française, sans distinction d'origine quelconque. Les naissances, mariages, enterrements et autres sont désormais répertoriés dans l'Etat Civil, il n'y a donc plus d'entraves sociales ni ethniques sur ces évènements reconnus par la nouvelle loi Laïque et Universaliste.
Pour revenir à l'Auvergne, avant cette réforme il n'y avait presque que des Blancs Chrétiens, surtout des Catholiques, la seule minorité vraiment attestée étant la petite Communauté Protestante, puisque les Juifs ont été chassés plusieurs fois au cours du Moyen-Âge.

En 1790 tout le Royaume est administrativement découpé et les Provinces disparaissent au profit des Départements : la Haute-Auvergne devient le Cantal, la Basse-Auvergne devient le Puy-de-Dôme, le Bourbonnais devient l'Allier et la Haute-Loire est constituée avec le Velay, le Brivadois, des bouts de Forez et de Gévaudan. Cela permet au nouveau gouvernement de simplifier et d'uniformiser l'administration et la justice des territoires, car avant chacun avait son fonctionnement propre avec, encore une fois, ses Privilèges comme le Droit Coutumier, la Commune et/ou la dépendance à un Evêché, un Duché ou autres qui pouvaient grandement différer du Droit Royal, qui de fait ne s'appliquait pas de la même manière partout.
Pour l'anecdote, le Puy-de-Dôme devait initialement s'appeler Monts-Dore mais le Député Gaultier de Biauzat s'y opposa de peur que cela ne sonnasse "Monts d'Or" et que certains croient que ce fusse un département riche que l'on pourrait surtaxer.

Biens Nationaux

Le 2 Novembre 1789 est voté un décret confisquant les propriétés de la Couronne, de l'Eglise et d'une partie de la Noblesse pour les mettre à la disposition de la Nation, on les appellera les Biens Nationaux. Mais les troubles de la Révolution aggravent considérablement la crise économique du pays qui était déjà intenable. Il sera alors décidé de vendre ces propriétés confisquées à des particuliers pour renflouer les caisses. Même si souvent les Bourgeois, les Aristocrates ou les communes les plus aisés rachètent les lots les plus intéressants, il y a aussi des gens plus humbles ayant réussi à mettre de l'argent de côté qui arrivent à obtenir de quoi augmenter leurs patrimoines personnels. Par exemple à Vic-le-Comte les terres prises aux Religieux et aux Nobles ont pour la plupart été disputées aux enchères par les Paysans locaux, qui arrivaient à les acquérir à des sommes jusqu'à 4 fois supérieures à l'enchère de départ ! Dans le district d’Ambert ce sont également des cultivateurs ayant un peu de moyens qui rachètent les terres Seigneuriales. Dans le Cantal aussi, le peu de patrimoine que possédaient les Clercs profite principalement aux laboureurs aisés du département, mais cela ne rapporte pas grand chose à l'Etat. Il y a aussi des Catholiques qui rachètent des Biens Nationaux afin de les restituer aux communautés religieuses ou leurs anciens possesseurs pour être sûrs qu'ils ne tombent pas aux mains de Révolutionnaires mal intentionnés, par exemple à Pionsat, Ambert ou au Crest des chapelles ont pu être utilisées comme salles de réunions pour des partis ou comme greniers. Le Député Révolutionnaire Maignet a racheté une demeure Seigneuriale à Saint-Bonnet.

Déchristianisation

La Révolution se veut Laïque et ne veut pas s'attacher à un culte en particulier, mais elle sait l'importance du politique,histoire,révolution françaiseCatholicisme en France, tant dans l'organisation du pays que dans les coutumes de ses habitants. Elle sait donc que le Clergé a le poids nécessaire pour accompagner ou enrayer sa progression. Elle va donc mettre en place la Constitution Civile du Clergé en 1790, dont le but est la soumission de l'Eglise de France au Gouvernement et son indépendance vis-à-vis de Rome. Le nombre de Clercs est réduit en fonction des nouveaux découpages administratifs, et ils sont élus par les Assemblées Départementales. Ils doivent également prêter serment sur la Constitution de servir la Nation et le Bien Commun. Les Prêtres ainsi élus sont considérés comme fonctionnaires et payés par l'Etat comme tels. Cette nouvelle organisation est évidemment condamnée par le Pape Pie VII, qui n'a en principe plus son mot à dire dans le domaine Temporel Français. Une partie des Prêtres accueille favorablement cette réforme, surtout dans les franges Gallicanes et Jansénites, qui militaient depuis des siècles pour que l'Eglise de France soit moins dépendante du Pape. On parle alors de Prêtres Constitutionnels ou Jureurs, comme ceux de Montel-de-Gelat, Montaigut, Picherande, Vollore-Montagne ou Clermont, où l'Evêque Réfractaire François de Bonal est remplacé par un Révolutionnaire, l'Evêque Jean-François Périer. L'Evêque du Puy, Marie-Joseph de Gallard de Terreau aussi est remplacé par un Constitutionnel nommé Etienne Delcher, un Curé de Brioude. Les Evêques de l'Allier et du Cantal aussi refusent, émigrent puis sont remplacés. Les autres, qui sont soit Papistes soit simplement méfiants envers les Révolutionnaires, sont nommés les Réfractaires à la Constitution, comme dans les cantons de Saint-Flour, de Pierrefort et de Chaudes-Aigues.

Seulement 40% des Prêtres d'Auvergne acceptent de prêter serment, ce qui entraîne des persécutions de la part du pouvoir à l'encontre des autres, car il craint que ces Réfractaires usent de leur influence auprès des croyants pour les liguer contre la Révolution. François de Bonal, Evêque de Clermont et élu à l'Assemblée, refuse la Constitution Civile et met en garde ses collègues députés contre une rupture avec le Saint-Siège. De toutes façons l'écrasante majorité des Auvergnats n'ont que faire de ces Constitutionnels, considérant qu'ils trahissent le Pape et donc la Vraie Foi. D'ailleurs ils s'en prennent parfois aux Prêtres Jureurs. Par exemple, à Vollore-Montagne le Curé Révolutionnaire se plaint régulièrement aux autorités d'être malmené par ses ouailles. En fait on distingue 2 types de communes : les Fanatiques, fidèles à la Tradition, et les Patriotes, qui suivent le mouvement Démocratique, même si la majorité des villes est divisée entre ces 2 tendances au début de la Révolution.

On voit apparaître de la résistance de la part des Auvergnats dans énormément de villes comme Ambert, Vollore-Montagne, Breuil, Bansac, Brousse, Boisséjour, Ceyrat, Rochefort, Saint-Flour, et aussi dans les départements limitrophes tels que la Corrèze, la Lozère, le Gard... Ce qui ne manque pas d'énerver les Révolutionnaires les plus anticléricaux, pensant que les Jureurs ne sont pas capables de se faire respecter par leurs fidèles, ou pire, qu'ils n'ont prêté serment seulement pour que les autorités les laissent tranquille et qu’ils puissent préparer la Contre-Révolution dans l'ombre. En 1791 un décret autorise les administrateurs à chasser les Prêtres accusés de créer des troubles. Plusieurs Prêtres Cantalous réfractaires sont alors déportés vers Bordeaux, ceux du Velay sont arrêtés comme à Saugues, Yssingeaux, Saint-Fortunat, Saint-Rémi ou au Monastier. En 1794, 

Le 10 Août 1792 a lieu la Prise des Tuileries à Paris. Le Roi est capturé et la Monarchie Constitutionnelle sera remplacée par la Convention. Ce jour marque un tournant dans la Révolution Française, car c'est une fracture radicale entre les différents partis. Vu que Louis XVI n'est plus là pour tempérer la politique, 2 tendances claires vont frontalement s'affronter : les Royalistes, surnommés les Blancs (couleur de la Royauté), et les Républicains surnommés les Bleus (à cause des uniformes de la Garde Nationale). C'est à cette occasion que le Marquis de La Fayette, pourtant Révolutionnaire, tente de quitter la France. Or, le Clergé symbolise nettement l'Ancien Régime, et nombre de communes va s'en prendre sans distinction aux Jureurs comme aux Réfractaires. Certains d'entre eux qui étaient auparavant favorables à la Révolution, commencent à déchanter. Le premier à abdiquer est Chirac, le Curé de Cébazat. Cette décision met en joie les Patriotes qui demandent à ce que les autres Clercs suivent son exemple afin que le sophisme Biblique cesse enfin.

Courant 1792-1793, le Parti Herbertiste ou Sans-Culottes, influencé par la Philosophie des Lumières, prône la Raison et l'Athéisme contre la Superstition Catholique, et va exercer une influence certaine sur les autres Républicains, cherchant à Déchristianiser le pays par tous les moyens. Les chargés pour cette mission les plus connus en Auvergne sont Couthon, Châteauneuf-Randon et Maignet. Les représentants officiels de villes telles que Riom, Thiers, Saint-Flour, Billom ou Issoire appliquent avec beaucoup de ferveur leurs préconisations antichrétiennes. Ainsi, beaucoup de Croix, de Chapelles, d'Eglises, de Cimetières sont saccagés afin de purifier l'espace publique de la religion. Les cimetières doivent être renommés Champs de Repos, les symboles religieux n'y seraient plus tolérés, des drapeaux tricolores recouvriraient les cercueils et ce serait les Fonctionnaires Municipaux qui remplacent les Prêtres dans les convois funèbres. Les mascarades antireligieuses en public se multiplient.
A Billom et dans d'autres villes, un arrêté incite la Municipalité et les Sociétés Populaires à détruire tout ce qui rappelle l'Ancien Fanatisme. Aussi, l'ampoule contenant le Précieux Sang (du Christ) qui se trouvait dans l'Eglise Saint-Cerneuf est analysée devant les fidèles. On déclare alors qu'il ne s'agit guère que d'un baume qui ne fait aucun miracle. A Souvigny on détruit les Gisants des Abbés.
A Clermont et les autres communes dépendantes de son district, on supprime officiellement tous les titres de Prêtrise Chrétienne : désormais, qui se déclare Curé, Evêque... Est considéré hors-la-loi et risque l'arrestation. Les Prêtres doivent abjurer leur Foi, abandonner leurs habits ecclésiastiques et se marier au plus vite, sans quoi ils devront changer de domicile et retourner dans leurs départements d'origine où ils seront assignés à résidence pour ceux qui ne sont pas locaux. Un nouvel impôt est créé, visant particulièrement les ex-prêtres, les Fanatiques et les célibataires afin d'entretenir des Instituts logés dans les Eglises qui auront pour rôle de mettre fin à l'Obscurantisme Catholique et de promouvoir la Raison.
A Issoire, commune où les Patriotes sont majoritaires, des Citoyens viennent publiquement de leur plein-gré abandonner leurs noms de baptême, des Prêtres abdiquent de leurs fonctions et un autodafé de 200 statues de Saints est organisé devant Couthon en personne.
Beaucoup de communes sont renommées pour sonner moins Chrétien ou Féodal, par exemple :
Saint-Flour devient Mont-Flour ;
La Chapelle Agnon devient Agnon ;
Saint-Hippolyte devient Bourg-Egalité ;
Saint-Etienne de Chomeil devient Rochers-Républicains ;
Saint-Vincent de Salers devient Mars ;
Beaumont devient Bourg-Montagne ;
Bourbon l'Archambault devient Burges-les-Bains ;
Saint-Didier en Donjon devient Marcenat ;
Sainte-Marie des Chazes devient Marie-Pénible ;
Pont-du-Château devient Pont-sur-Allier...

Mais la majorité des communes, comme par exemple Clermont, Besse, Egliseneuve, Cunlhat ou Ambert, ne va pas appliquer à la lettre toutes les directives, hésite ou traîne pour les mettre en œuvre, voire prétexte un manque de temps et de budget, trouvant que ces mesures sont excessives ou craignant de perdre définitivement le soutient de leur population. D'ailleurs certaines tolèrent toujours la présence de Clercs n'ayant pas abjurés leur Foi parmi l'administration.

Nombre de lieux de cultes sont pillés : tout ce qui est en métal précieux est fondu pour faire de la monnaie, comme la statue-reliquaire de Marie en or de la Cathédrale de Clermont ou les ornements de Notre-Dame du Puy. Les cloches sont fondues pour fabriquer des canons, et tout ce qui n'est pas réutilisable comme les meubles, les statues ou les tableaux sont saisis ou brûlés. La commune de Saint-Pardoux offre une de ses cloches pour la cause. Dans plusieurs villes comme à Mardogne (actuelle Gergovie) le pillage de l'Eglise provoque une violente émeute des locaux contre les Révolutionnaires. En réponse, Couthon et Maignet envoient une centaine de Gardes Nationaux pour retrouver les Fanatiques et soumettre la population. Le tout aux frais de la localité, comprenant hébergement et nourriture.
Une partie de ces lieux saints sont récupérés par les Herbertistes pour en faire des Temples de la Raison, où l'on célébrerait une sorte de culte Athée à la Déesse Raison, marqué par des évènements festifs laïques dont certains commémoreront les récentes victoires des Révolutionnaires contre la Monarchie, comme le 14 Juillet. Cette nouvelle religion était censée remplacer la Superstition Catholique et saper définitivement l'autorité du Clergé. Factuellement, cela provoque de très vives réactions dans la population, très majoritairement Chrétienne pratiquante.

En 1793 est mis en place le Calendrier Républicain, qui remplace le Calendrier Grégorien. Il est d'ailleurs bien plus pratique : il est composé de 12 mois de 30 jours chacun, avec 5 ou 6 jours en fin d'année pour rester aligné avec l'année tropique. Les noms des mois changent pour correspondre aux saisons, par exemple Pluviôse remplace une période entre Janvier et Février dite Période des Pluies. Il est obligatoire de travailler le Dimanche mais de se reposer le nouveau jour de repos nommé Décadi. On fait des listes des bons Citoyens présents aux célébrations. Les gens qui ne participent pas aux Fêtes Républicaines doivent payer une amende à la Garde Nationale. Les dates Catholiques sont remplacées par des dates plus Républicaines comme la Fête de la Liberté ou la Fête de la Raison.

politique,histoire,révolution françaiseUn autre Parti Républicain, les Montagnards, qui eux sont Déistes, voient ces excès avec appréhension et déclarent qu'il n'est pas possible d'enlever toute spiritualité à un peuple, ni de leur ôter tout espoir d'une vie après la mort. Avec le soutien de Robespierre, dès 1794 ils vont faire remplacer le Culte de la Raison par celui de l'Etre Suprême, dont la conception de Dieu est plus proche de la Philosophie des Lumières et du Grand Architecte des Francs-Maçons que de celui de la Bible. Certains lieux de culte deviennent alors des Temples de l'Etre Suprême, comme la Cathédrale Saint-Pierre de Saint-Flour, la Chapelle de la Visitation à Riom, l'Eglise Saint-Genès à Thiers ou la Cathédrale de Clermont qui garde une inscription de cette période : Le Peuple Français reconnoit l'Etre Suprême l'Immortalité de l'Ame
Cela paraît aussi un choix politique pragmatique, censé concilier les Athées et les Croyants dans une même religion contrôlée par l'Etat. Bien que cela apaise la situation, tout le monde n'est pas satisfait, nombre de Chrétiens y voyant une atteinte à leurs traditions et/ou une hérésie, et les Athées dont une partie des Sans-Culottes estiment que ce n'est qu'une nouvelle forme d'Obscurantisme, ce qui mène à de nouvelles tensions, mais cette fois-ci entre Révolutionnaires. Des affrontements sanglants sur fond de religion ont lieu. Même des Prêtres Jureurs s'insurgent contre la Déchristianisation, refusent d'abjurer et excitent les fidèles contre ces mesures. Des Prêtres Réfractaires et même quelques anciens Constitutionnels sont fusillés ou guillotinés. Nombre de Catholiques réclament que leurs lieux de cultes leurs soient restitués et qu'on leur rende leurs cloches, certains entrant de force dans ceux qui sont condamnés. Pour apaiser les tensions, les Eglises finissent par rouvrir en 1795 mais doivent être partagées entres les différents cultes. De plus, le Gouvernement refuse désormais de les financer. Toutefois, la pratique du Christianisme est toujours interdite à l'extérieur des édifices, et les biens ne seront pas rendus. Les responsables des Eglises n'auront le droit de remettre des ornements que tardivement, en 1798 pour la Cathédrale de Clermont.

La Terreur

La Terreur est la politique déployée par la Convention alors dominée par les Montagnards (parti de Robespierre) et les Herbertistes (Sans-Culottes) en 1793. Elle consiste à libérer la Patrie de tous les éléments considérés comme Contre-Révolutionnaires, souvent sur simple suspicion ou dénonciation, grâce à Loi des Suspects qui permet de surveiller les ennemis de la Liberté. A contrario, on délivre des Certificats de Civisme à qui montre son attachement à la Révolution. Qui se voit refuser ce document ne peut plus travailler dans l'administration. On fait arrêter les agents soupçonnés d'être en contact avec les Royalistes, ou simplement parce qu'on les trouve trop modérer, comme ceux de Moulins. Cette politique démarre au moment où la Déchristianisation atteint son paroxysme, fonctionnant souvent de paire avec elle : on veut détruire tant les Contre-Révolutionnaires que les symboles religieux et féodaux, tels que les châteaux, ce qui nécessite de mettre en place de véritables chantiers ! Les communes qui ne veulent pas se lancer dans de pareilles entreprises doivent se justifier, par exemple une lettre envoyée au district de Riom dit : "Dans Gimeaux, Davayat et Combronde nous n’avons rien trouvé de contraire à la tranquillité publique, qui puisse rappeler le souvenir de la féodalité, et l’on nous a assuré qu’il n’y avait aucune personnes de suspectes". Certains disent aussi qu'ils n'ont pas le budget nécessaire pour faire démonter les monuments de l'Ancien Régime.

Des proscriptions sont prononcées. On sort la guillotine un peu partout comme à Thiers, à Clermont, à Aurillac, au Puy, bien que certains opposants, dont ceux de l'Allier, seront symboliquement exécutés à Lyon ou à Paris. Vu qu'il n'y a pas cet instrument à trancher les têtes partout, les condamnés sont souvent conduits dans les villes qui en possèdent une, par exemple la plupart des opposants de la Montagne Thiernoise et du Livradois seront ramenés à Thiers, ou au Puy pour ceux du Velay. Officiellement il n'y aurait pas eu beaucoup de condamnations à mort en Auvergne. En tous cas on n'est pas au niveau de la purge que connaissent la Capitale ou la Vendée. 80% des exécutions le sont pour trahison et désobéissance (envers la République), 9% pour délit d'opinion, le 1% restant est pour des crimes divers comme le brigandage, le vol ou le faux monnayage. 85% sont des membres du Tiers-Etat, dont les 2/3 sont des artisans, compagnons ou paysans. Les 15% restants étant des Nobles et des Clercs. Ces chiffres ne prennent pas en compte les exécutions sans jugement, ceux qui sont morts en prison ou les escarmouches. De nombreuses personnes sont également enfermées et volontairement laissées dans leurs geôles pour y pourrir au sens premier du terme. Les victimes privilégiées sont les Prêtres Réfractaires et les Contre-Révolutionnaires en tous genres.

La Terreur a aussi un volet financier qui permet à la Convention une politique de Dirigisme Economique. Ainsi, la Convention peut contrôler le prix des denrées et autres fournitures, taxer les céréales, condamner à mort les pilleurs et accapareurs, procéder à des réquisitions pour ravitailler les armées, emprunter de force l'argent des gens aisés, confisquer les terres et biens des suspects, interdire d'envoyer des capitaux à l'étranger. Des mesures sociales sont aussi prises, comme l'Abolition de l'Esclavage dans certaines Colonies et l'obligation du Tutoiement entre Citoyens, y compris dans l'Administration, qui symbolise l'Egalité et l'Abolition de la Société de Privilèges, ou encore la réduction de délai entre un divorce et un remariage.

Dans le Cantal, Saint-Flour avait fait réparer ses murailles et s'était accaparée de grandes quantités de céréales pour son propre compte, tout en refusant d'en distribuer aux districts alentours, alors que la disette était toujours là. Châteauneuf-Randon soupçonne alors les Sanflorains de se préparer à une révolte contre la Convention, ou au moins de servir de base aux Contre-Révolutionnaires, qui sont actifs dans les alentours. Il demande alors le blocus de la ville, fait détruire les murs, désarme les autorités locales, fait arrêter et remplacer les agents par des Patriotes de Clermont, dont des proches de Couthon.
La Convention réclame au Puy-de-Dôme un bataillon de 4000 hommes pour réprimer les Vendéens, mais les administrateurs locaux refusent, signalant que ces soldats seraient peut-être nécessaires en Lozère où une insurrection Contre-Révolutionnaire a lieu. Le Comité de Salut Public menaça de faire décréter le Puy-de-Dôme département rebelle, ce dernier cède et envoie la troupe en Vendée. Couthon y prend également la tête de 10000 hommes pour aller assiéger la ville de Lyon qui est aux mains des royalistes.

La Terreur prend fin avec la chute de Robespierre de 27 Juillet 1794. Ce dernier est accusé de tyrannie par la Convention, et d'avoir voulu instaurer une dictature pour son propre compte. On lui reproche aussi les débordements de sa politique qui, loin d'avoir réussie à nettoyer tous les Contre-Révolutionnaires, les a excités, a grossi leurs rangs contre la République, et paradoxalement a conduit à la mort de beaucoup de Révolutionnaires suspectés d'être trop modérés. Robespierre et plusieurs de ses partisans comme Couthon seront guillotinés à Paris. D’ailleurs les représentants du département du Puy-de-Dôme d’où ce dernier est originaire enverront à la Convention « le Puy-de-Dôme demande pardon d'avoir donné naissance à l’Infâme Couthon ». Cet évènement va profondément diviser et désorganiser les Républicains, ce qui va permettre aux Royalistes d'intensifier leur résistance et de travailler au grand jour.

La Levée en Masse ou Conscription

Dès 1791 plusieurs Monarchies Européennes déclarent la guerre à la France pour qu’elle arrête sa politique Révolutionnaire. Beaucoup de Nobles et de militaires ayant émigrés, il reste peu de troupes expérimentées prêtes à combattre. L'Assemblée Constituante appelle donc les Citoyens à s'engager pour défendre la Patrie. Des volontaires affluent des 4 départements de l'ancienne Province Auvergnate, formant 13 Bataillons Nationaux. Malheureusement c'est insuffisant et au fil du temps de moins en moins de personnes s'engagent, et de plus en plus de combattants sur le front finissent par déserter une guerre qui leur semble interminable. Début 1793 on dénombre environ 200000 soldats Français.

En 1793 le Gouvernement procède donc à des levées en masses ou Conscription par tirage au sort, c’est-à-dire politique,histoire,révolution françaiseque des agents vont dans les communes, convoquent les hommes (en priorité les jeunes célibataires) et tirent des noms au hasard. Tous ceux dont le nom a été cité doivent partir à la guerre.
En réalité ce système existait dans l’Ancien Régime depuis 1688 sous le nom de Milice Provinciale, qui servait à compléter les effectifs des Nobles et leurs troupes (armée de métier menée et entretenue par l’Aristocratie) ainsi que les mercenaires du Roi. En temps de paix, ces miliciens tirés au sort devaient s’entraîner quelques semaines par an dans des camps royaux, et en temps de guerre ils servaient à garder les places-fortes, les prisons ou à remplacer les soldats des bataillons quand ceux-ci avaient perdu trop de monde au combat. C’est ainsi qu’ont été créés les Bataillons de Moulins, Montluçon, Clermont et Brioude. On compte environ 60000 à 80000 Miliciens pour le Royaume de France au XVIIIème Siècle. On est dans les Troupes Royales pour une durée de 4 ans. Ce système impopulaire était dénoncé dans les cahiers de doléances et est aboli en 1791 avant la guerre.
Fin 1793, grâce à la Conscription de masse, le nombre de soldats est passé de 200000 à plus de 800000 personnes ! Pour remettre dans le contexte, pareille armée n’existait pas à l’époque. Le système de Milice Provinciale n'était guère appréciée du temps de l'Ancien Régime, mais la version Républicaine recrute 10 fois plus de personnes qui ont encore moins le temps de s'exercer aux armes et seront utilisées indifféremment à n'importe quel poste dont le champ de bataille principalement.

Beaucoup de jeunes gens se marient à la hâte ou se mutilent volontairement pour être considérés inaptes au combat. Dans beaucoup de communes les sessions de tirage au sort tournent à la bagarre générale, à l'attaque des agents municipaux, voire à la fusillade avec la Garde Nationale. Tous ces troubles s'ajoutent au climat délétère de la Déchristianisation et de la Terreur. Pour beaucoup de personnes, c'en est trop! Les Auvergnats ne veulent pas partir à la guerre, et encore moins pour ces gens-là !

Désillusion

Il faut ajouter à tout cela que les réformes sociales et économiques engagées par les Révolutionnaires n'ont pas résolus la disette et la crise qui ont continué à s'amplifier. Beaucoup de gens commencent même à penser que ça n'a fait que dégrader plus encore la situation, dénonçant l'augmentation continuelle des impôts, les réquisitions d'argent et de nourriture. Ils n'ont pas tenus leurs promesses de prospérité, de liberté non plus. Ils n'ont fait que blasphémer, saccager le pays, s'accaparer la place et les possessions des Nobles avant d'envoyer les Citoyens à la guerre à leur place. Les affrontements et insultes entres partisans et opposants de la République ou contre les autorités deviennent monnaie courante dans beaucoup d'endroits. Les Royalistes profitent de la haine antidémocratique pour recruter activement. Face à autant de résistance, les Révolutionnaires n'arrivent plus à rétablir l'ordre dans les campagnes. Toutefois dans les villes où la Garde Républicaine est plus nombreuse et où il y a plus de gens aisés et/ou de partisans de la Révolution, les affrontements sont moindres.

La Révolution ne prendra fin qu’en Novembre 1799 avec le Coup d’Etat de Napoléon Bonaparte, qui va tout faire pour pacifier le pays en ménageant les 2 camps qui s’affrontent.

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