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Écritures de Glozel

Le 1er Mars 1924, Emile Fradin, un jeune agriculteur, qui travaille sur son terrain de Glozel, non loin de Vichy dans le Bourbonnais, fait une étrange découverte : toute une série de tablettes et de briques en terre cuite recouvertes d'étranges symboles ressemblant à une écriture ancienne, ainsi que d'autres objets en os et en pierre dont une hache. Il fait part de sa découverte à ses voisins, et l'Institutrice Adrienne Picandet informe l'Inspection d'Académie qui va elle-même prévenir d'autres sociétés de l'Allier. Peu de monde s'y intéresse au début, jusqu'à ce qu'un voisin, l'Instituteur Benoît Clément évoque une tablette aux caractères mystérieux dans une lettre destinée à la Société d'Emulation du Bourbonnais.

tablette_glozel.jpg

Un petit article est alors publié, et attire l'attention du Docteur Morlet, médecin de Vichy et amateur d'archéologie, qui contacte Emile Fradin. Reconnaissant des objets préhistoriques, il propose de louer le champ afin d'y faire des fouilles plus approfondies. Il invite des spécialistes, dont le Docteur Capitan, préhistorien, qui décide d'envoyer un rapport à la Commission des Monuments Historiques. Et la polémique s'installe d'entrée de jeu : Emile Fradin a fabriqué lui-même ces soit-disants vestiges ! En effet, les ossements retrouvés dateraient de 9000 avant Jésus-Christ, vers la fin du Paléolithique, et cela supposerait que le mystérieux alphabet ait le même age. Impossible! L'invention de l'écriture n'est pas aussi vieille! Et puis elle n'a pas pu l'être en Europe! Les premiers alphabets dateraient d'environ -2500, au Proche-Orient. Le Ministres des Beaux-Arts refuse donc le classement. On assiste a la division des scientifiques en 2 camps : les Glozéliens, qui voient dans le site la découverte d'une potentielle écriture Occidentale ; et les Anti-Glozéliens, pour qui tout ceci est l'oeuvre de faussaires. 

emile_fradin.jpgLe Docteur Morlet demande à des scientifiques dont des préhistoriens et des conservateurs de musées d'étudier le site. Ceux-ci disent qu'il est authentique. Par contre, un renne est représenté sur l'un des objets, ce qui ne colle pas avec la date supposée de sa création, vu que cet animal aurait disparu de la région vers -10000.
En 1927, c'est le Docteur Capitan qui choisit les membres de la Commission Internationale  qui s'occupera des fouilles. Or, c'est l'un des détracteurs du site, et le Docteur Morlet l'accuse de rajouter des objets d'époques plus récentes exprès pour brouiller les pistes ! En effet, la conclusion de la commission est que les vestiges de  Glozel n'ont rien de préhistorique.
Suite à cela, un comiré de 12 savants réétudie le site, et eux le disent Néolithique, daté d'environ -8000.
René Dussaud, spécialiste de la Civilisation Phénicienne, veut prouver que cette écriture est une arnaque. Pour lui l'origine de l'alphabet est Orientale, et la concurrence de Glozel ne lui convient pas du tout. Emile Fradin porte plainte pour diffamation, mais le savant contre-attaque en obtenant que la Société Préhistorique de France traîne l'agriculteur en justice. Le 25 Février 1928, une persquisition est effectuée au musée. Sauf que ce n'est pas du ressort de la justice d'authentifier des vestiges, l'affaire va patiner jusqu'à ce que les fouilles s'arrêtent en 1936, toutefois le musée reste ouvert avec ces quelques 2000 pièces exposées. 

En 1974, plusieurs instituts de différents pays procèdent à des datations par thermoluminescence des objets. La conclusion est que les tablettes écrites sont d'environ -500 tandis que les céramiques gravées des mêmes symboles datent de -2500. Mais elles sont vraies ! D'autres objets seraient médiévaux. Les os seront examinés plus tard, et eux seraient datés d'environ -15000... Il y a beaucoup d'écarts d'age entre tous les vestiges répertoriés, ce qui interroge, d'autant que certains éléments comme des végétaux ou des fibres de tissu qui auraient été retrouvés sur plusieurs artefacts sembleraient contemporains du déterrage, comme si quelqu'un venait juste de les enfouir. Plusieurs vestiges semblent faux pour une partie des spécialistes... Mais les autres sont tout de même authentique ! Le mystère reste complet. Emile Fradin reçoit les Palmes Académiques en 1990.

L'écriture en elle-même est un mystère. Elle ressemble à une forme primitive de Cunéiforme, mais est aussi musee_glozel.jpgAlphabétiforme par certains aspects, faisant penser aux Alphabets Phéniciens, Ibériques, Etrusques ou Lépontiques (Celtes d'Italie du Nord). On a trouvé des tablettes gravées du même type au Portugal et en Roumanie, bien antérieures à l'Ecriture Phénicienne, qui soulèvent les mêmes types de polémiques que Glozel. Sauf que beaucoup de linguistes n'y voient pas de système structuré, comme s'il ne s'agissait que de symboles tracés au hasard, ou des décorations. Il ne s'agirait donc pas de textes. Pourtant, d'autres pensent que plusieurs des tablettes seraient des dédicaces Celtiques ou Gallo-Romaines, ils essaient de les déchiffrer, y voyant des commémorations de victoires ou des ex-votos.

La polémique perdure aujourd'hui, ayant gardé le même conflit idéologique : les Glozéliens pensent que leurs détracteurs ne veulent ou n'osent pas remettre en cause l'histoire officielle de l'écriture, par facilité ou par conviction ; tandis que les Anti-Glozéliens disent que le camp opposé est dans un délire eurocentrique.

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