Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Fête des Cornards

traditionsLa Fête des Cornards est comme son nom l'indique le jour dédié à ceux qui portent des cornes. La date varie selon les localités, dans le Puy-de-Dôme on a Beaumont qui fait cela le week-end de Pâques, ou Sauxillanges qui la faisait vers Mardi-Gras. Saint-Rome de Tarn dans l'Aveyron le fait aussi en période pascale. De même, il existait une Confrérie des Cornards au Puy-en-Velay dont la demeure est encore visible. Sauf que dans ce cas précis, l'auto-dénomination Cornard est ironique et signifie en fait Fêtard, Bon-Vivant. Dans d'autres régions elle peut avoir lieu à des moments différents de l'année. Actuellement, cette célébration fait référence aux cornes des cocus, pourtant la symbolique initiale est beaucoup plus profonde.

Ancienne Tradition

En Auvergne, la Fête des Cornards consistait à habiller tous les hommes qui étaient fraîchements mariés de chemises de nuit et de bonnets avec de fausses cornes dessus, puis de les faire monter sur un âne... Mais dans le sens inverse de celui de la marche! En effet, la monture avançait normalement tandis que le le cavalier était dos à la route et voyait la queue de son animal. Les fameux Cornards sur leurs fiers destriers étaient équipés de sacs de farine avec laquelle ils saupoudraient les femmes qu'ils apercevaient. Elles étaient ainsi marquées comme des conquêtes possiblement fécondées, de ces drôles de chevaucheurs d'ânes. Mais peut-être que leurs propres femmes étaient dans leur dos en train de se faire enfariner par d'autres hommes? Ce cortège suivait une effigie de Cornard géant, qui pouvait représenter un garçon cornu ou une bête à cornes, et qui serait brûlée en place publique pour lever la malédiction des cocus.

A Saint-Rome de Tarn dans l'Aveyron, on met en place fictivement un Tribunal des Cornards, jugeant les jeunes époux déclaréstraditions comme potentiels futurs cocus et condamnés au bizutage devant toute la commune.

Ce rituel symbolise le fait que dans la vie, on ne voit pas toujours  ce qui se trame autour de soi et encore moins les choses arriver, et que le mari adultère qui fait la cour à ces dames est peut-être lui-même victime d'infidélité. Pour l'occasion, on fabriquait des genres de brioches pointues ou des Fougeassoux en forme de Croix de Saint-André évoquant un peu des bois de cerfs. Mais il faut tout de même noter que dans d'autres régions, la Fête des Cornards peut simplement être le jour où l'on fait bénir les troupeaux de bêtes à cornes par le Curé local. Il n'y a pas toujours de symbolisme lié à l'infidélité et au malheur.

Aujourd'hui, même si les pâtisseries et les mannequins existent encore dans certaines communes, ces festivités sont plutôt l'occasion de fêtes forraines. D'ailleurs, le Vélo Club de Cournon d'Auvergne participe au Prix des Cornards, course qui a lieu chaque année à Beaumont pour le Lundi de Pâques.

Origines

La Fête des Cornards est donc soit une célébration où le bétail est à l'honneur, soit un jour dédié aux cocus, en faisant bien comprendre que cela pourrait concerner n'importe qui, et que l'on ne sait jamais à l'avance ce que l'avenir réserve à chacun. Ou simplement la fête des Bons-Vivants.

A Beaumont, on raconte que durant une messe à l'approche de Pâques, le Curé faisait un sermon sur l'adultère, et qu'au même moment un Bouc s'introduisit dans l'Eglise. Alors le Prêtre s'écria: "Dehors, le cornard!" A ce moment-là, la majorité des hommes présents se seraient levés et auraient quittés le lieu de culte. Depuis lors, pour commémorer cet évènement, chaque année à Beaumont on fabrique un Bouc en papier que l'on promène sur un char et qui sera brûlé à la fin de la fête.

D'après un site Internet de Beaumont, il y aurait peut-être un rapport ancien au culte à Cernunnos, le Dieu Gaulois aux bois de cerf. [Voir l'explication en lien: http://www.idees-beaumont.org]. Les cornes étaient un symbole de virilité. Il se peut que les Arvernes se déguisaient en animaux cornus pour l'approche du Printemps, un genre de Carnaval de l'époque pour se réjouir du retour de la Nature fertile. Bien que le symbolisme sexuel soit là, peut-être qu'il n'y a pas d'histoire de tromperies? Encore que...
J.J Hatt est un spécialiste en Mythologie Celtique qui a émis de nombreuses hypothèses intéressantes sur la signification des représentations de divinités Gauloises sur lesquelles on n'a quasiment aucun texte. Il pense que le Chaudron de Gundestrup met en scène Cernunnos le Dieu de l'Enfer et Taranis le Dieu du Ciel qui sont en guerre pour conquérir la Déesse-Mère, cette dernière passant dans la couche de l'un à l'autre au gré des saisons. Bien que ceci n'est qu'une supposition, il existe quand même un mythe Irlandais qui s'en rapproche. Dans celui-ci, Dagda, le Dieu du Ciel, séduit Boyne, qui est une Déesse de la Terre et de l'Eau déjà mariée à Elcmar, Dieu du Monde Souterrain. Le nom Boyne vient de Boand, Bovinda, qui signifie en langue Celtique "Qui procure des vaches"... Encore des bêtes à cornes! Boyne est aussi le nom de 2 fleuves, 1 qui se trouve en Irlande, l'autre dans le Sud de la France.
Pour revenir à cette Fête des Cornards, même si elle a vraiment une origine Celtique et que le symbolisme des cornes n'a rien de négatif à l'origine, il se pourrait qu'il y ait tout de même une histoire d'infidélité dans la mythologie qui l'aurait inspirée.

Peut-être aussi que c'est juste un Carnaval où les gens se déguisaient en bêtes cornues? En tous cas le rituel de la farine fait un peu penser à la Fête de l'Ours dans les Pyrénnées. Certaines théories disent que toutes ces traditions des Cornards, du Mardi-Gras, de la Fête des Fous et d'autres étaient largement inspirées des anciennes célébrations païennes comme les Saturnales où l'Ordre Social et Cosmique était tempérairement bouleversé, et l'Eglise se serait contentée d'altérer légèrement leur sens originel sans vraiment les interdire. Aussi, l'Infidélité mais aussi d'autres vices pouvaient être mis en scène, comme l'Avarice ou la Folie. Cela permettait à la communauté de s'amuser après un Hiver rigoureux et avant la période de jeûne du Carême.

Articles liés : Saturnales/Epiphanie - Carnaval/Fête de l'Ours - Pâques/Ostara - Cernunnos

 

Lien 0 Commentaires Imprimer

Les commentaires sont fermés.