Angélique-Marguerite le Boursier du Coudray dite Madame du Coudray est originaire de Clermont-Ferrand. Bien que son nom soit quasiment oublié aujourd'hui, au cours du XVIIIème Siècle elle a largement contribuée à réduire considérablement la mortalité infantile et maternelle de France grâce à son amélioration de la formation des sages-femmes qu'elle a également dispensée aux traditionnelles Matrones Accoucheuses qui n'avaient souvent que peu d'éducation sanitaire. En ce temps-là, la plupart des médecins ne s'occupaient pas des accouchements. On dit que c'est grâce à elle que La Fayette a pu miraculeusement naître.
Angélique Marguerite Le Bourcier du Coudray naît dans une famille de médecins à Clermont-Ferrand en l'an 1712.
Elle s'installe à Paris et suit une formation de sage-femme à l'Hôtel-Dieu de 1737 à 1740. Elle reçoit son diplôme et devient "Sage-Femme Jurée". Cela lui permet d'exercer en tant que "Maîtresse Sage-Femme" au Châtelet jusqu'en 1755, date à laquelle elle décide de quitter la capitale pour retourner en Auvergne. Elle met en pratique son métiers dans le ville de Thiers et dans les campagnes alentours. Là, elle se rend compte que la mortalité infantile et maternelle est très élevée, notamment parce que les "Matrones Accoucheuses" de la ruralité n'ont que peu voire pas du tout de connaissances médicales.
Alors elle se résout à donner gratuitement des cours d'obstétrique, dans lesquels elle ajoute même une dimension psychologique en expliquant qu'il faut rassurer les futures mamans et leur porter de l'affection pendant ce si difficile évènement. Pour faciliter sa tâche, elle fabrique un genre de mannequin de bois et de chiffons représentant la partie basse d'une femme avec un bébé, ce qui permet d'enseigner les gestes de l'accouchement à ses élèves. On appelle cela la "Machine du Madame de Coudray" qui est approuvée par l'Académie de Chirurgie en 1756 (d'autres modèles plus anciens et un peu différents existaient cependant). Impressionné par cette prouesse technique, l'Intendant d'Auvergne décide d'équiper les principales villes de la province avec cet appareil.
Angélique grâce à sa "Machine" devient populaire dans tout le royaume, le Roi Louis XV lui accorde en 1759 un brevet et une pension de 8000 livres par an (ce qui était confortable à l'époque) afin qu'elle donne des cours partout en France. De plus, ce serait les provinces qui auraient la charge de ses frais de déplacement et de logement. La même année, elle écrit l'Abrégé de l'art des accouchements qui lui sert alors de manuel scolaire.
Elle forme sa nièce, Marguerite Guillomance, qui l'accompagne dans son périple dès 1768 et se marie en 1770 à Bordeaux avec un chirurgien local, Monsieur Coutanceau. Angélique du Coudray mène à bien sa mission jusqu'en 1775 où son état de santé se détériore à cause de son obésité et de la goutte. Elle doit déléguer de plus en plus de tâches au couple Coutanceau jusqu'à arrêter complètement en 1783, formant ainsi plus de 5000 sages-femmes et matrones, ainsi qu'environ 500 chirurgiens et autres professeurs démonstrateurs dans tout le royaume. Ses techniques contribuent largement à faire baisser la mortalité tant maternelle qu'infantile!
Madame du Coudray passe sa retraite chez sa nièce à Bordeaux, touchant toujours l'argent octroyé à l'époque de Louis XV. Mais en 1789, la Révolution Française éclate. Le nouveau pouvoir qui se met en place lui retire cette pension pour plusieurs raisons:
-elle a été accordée par la Monarchie Absolue, Angélique est donc soupçonnée d'avoir des accointances avec l'Ancien Régime;
-non-mariée, elle est décriée par des Révolutionnaires comme la "Demoiselle" qui enseigne à des sages-femmes ignorantes avec une poupée;
-beaucoup de ces gens largement influencés par les Philosophes des Lumières considèrent que la Science n'est pas une affaire de femmes, qu'elles sont moins rationnelles que les hommes, par conséquent eux seuls devraient pouvoir en exercer les métiers y compris la médecine et donc l'accouchement.
Le couple Coutanceau intervient en présentant un mémoire à l'Assemblée Nationale dans lequel il explique l'importance primordiale des sages-femmes dans la société et à quel point Madame du Coudray a contribuée à perfectionner leur instruction. Une enquête sera donc diligentée dans les différentes provinces où elle est intervenue, confirmant sa bonne réputation et l'efficacité de sa méthode d'enseignement. La formation des sages-femmes reste donc dispensée sous le nouveau régime, pourtant Madame du Coudray ne récupérera jamais sa pension, elle devra alors vendre une bonne partie de ses biens pour subvenir à ses besoins et ceux du couple Coutanceau.
Sa nièce Marguerite devient la directrice d'une maison de maternité le 13 Juillet 1793, continuant ainsi son œuvre. Durant la Terreur, les 2 femmes obtiennent leur Certificat de Civisme et ne sont donc plus plus suspectées d'être contre-révolutionnaires. Madame du Coudray s'éteint finalement dans la maison des Coutanceau le 17 Avril 1794.
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