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Le Renard

renard_roux.jpgLe Renard Roux ou Renard Commun, aussi appelé Goupil, est un Canidé carnivore présent dans presque tout l'Hémisphère Nord, dont la sous-espèce la plus courante Vulpes Vulpes est quasiment la seule existante en Europe et en Auvergne.

L'article se décompose en 2 parties principales : la 1ère décrira l'animal en lui-même, la 2de se concentrera plutôt sur son intérêt pour la biodiversité naturelle et pour l'agriculture, car contrairement aux idées reçues, le Renard apporte plus d'avantages que d'inconvénients aux cultivateurs. Merci à Stewegan pour sa rédaction!

 

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PREMIERE PARTIE : Description du Renard

Apparence

Il est facilement reconnaissable à son pelage roux, à l'exception de son poitrail, sa gorge, sa bouche, son menton, et le bout de sa queue touffue qui sont blancs. Le tout est plus épaix et touffu l'Hiver surtout dans les zones montagneuses. Sa tête étroite et allongée est dotée d'un museau pointu, d'une truffe noire, d'oreilles dressées et d'yeux ambres à pupilles verticales.

Il a un corps relativement long par rapport à ses courts membres. Il mesure en moyenne 40cm de haut pour environ 60 à 90cm de long sansrenard_empreinte.jpg la queue, celle-ci faisant entre 30 et 50cm, et pèse en moyenne 7kg, jusqu'à 14kg pour le mâle, la femelle étant généralement un peu moins lourde. Outre ce dernier détail, il n'y a pas de différences physiques flagrantes entre le Renard et la Renarde. Son empreinte se décompose en 4 pelotes digitales dont l'ensemble fait en moyenne autour de 5cm en long comme en large.

Capacités

Le Renard Roux a plutôt une bonne vision de nuit et de proximité sensible au mouvement, mais distingue moins les éléments éloignés et immobiles, c'est pour cela qu'il se fie plutôt à son ouïe et son odorat qui sont très affûtés. Ses Vibrisses (ce qu'on nomme moustaches chez les Félins) situées sur le museau et sous le menton lui permettent de se déplacer dans l'obscurité de son terrier et les épaisses végétations. Tout cela lui donn un excellent sens de l'orientation. Il est très discret, de plus il est réputé particulièrement intelligent et rusé tant pour éviter le danger que pour piéger ses proies.

Longévité et Régulation

Il est estimé qu'environ 80% des jeunes Renards périssent avant d'arriver à l'âge de 1 an. En règle générale la plupart des Renards meurent avant l'âge de 5 ans dans la Nature, même si en captivité ils peuvent vivre qu'à 15 ans. Les Renards s'autorégulent. Ils s’adaptent aux conditions du milieu dans lequel ils vivent et savent maintenir leur densité de population à un niveau stable. Celle-ci dépend notamment de la quantité de nourriture disponible sur leur territoire et de la taille de ce dernier. Ainsi, les renards vivants sur un territoire repoussent les autres renards tentant de s’y installer. De même lorsque les renards sont en surpopulation, ils chassent les individus les plus faibles du groupe. La taille des portées est également un élément important de la régulation de leurs populations : le nombre d'embryons varie entre 1 et 14 suivant les conditions de vie et notamment la quantité de nourriture disponible. Aussi, les renardeaux qui naissent avec des infirmités sont éliminés par les parents. Tout cela est nécessaire d'autant qu'il y a peu de prédateurs s'en prenant à eux, voire aucun dans le Massif Central.

Il arrive aussi que les Renards soient victimes de maladies, telles que la rage (quasiment disparue chez nous), la gale, diverses pathologies parfois infectieuses transmises par des parasites du type champignons, puces, acariens ou vers. Certains de ces maux quelques fois mortels sont transmissibles à d'autres espèces dont l'Homme s'ils ne nourrissent d'aliments souillés par de l'urine ou autres de Renard malade, sinon par morsure.

Alimentation

Le Goupil a 42 dents adaptées pour saisir ses proies, couper la viande, broyer les petits os, plumer les volatiles... Bref, parfaites pour son régime essentiellement carnivore, composé de pour plus de 80% de rongeurs, dont plus de la moitié en lapins, qui est l'animal le plus gros qu'il chasse. Il préfère tout de même des bestioles plus petites comme des rongeurs ou des mustélidés. Il se nourrit également d'oiseaux, de reptiles, de vers, d'insectes, de poissons, de carcasses, de placenta. Toutefois, il peut aussi consommer des végétaux tels des graines, des champignons, des fruits, des glands, des tubercules, parfois de l'herbe. Son menu est bien sûr variable en fonction des saisons et des zones géographiques. Il traque ses proies principalement la nuit, avec diverses techniques comme le mulotage, la chasse à l'affût, la pêche, faire le mort ou creuser. Il enterre des provisions dans plusieurs zones éloignées qu'il est capable de retrouver à l'odeur ainsi que de mémoire, afin de ne pas tout se faire voler par des bêtes fouineuses.

Reproduction

renard_bebe.jpgLe Renard est monogame. Il atteint sa maturité sexuelle vers l'âge de 10 mois. Sa période de reproduction se situe approximativement entre mi-Janvier et mi-Février. Les mâles peuvent parcourir plusieurs kilomètres et s'affronter pour une femelle. Celle-ci peut s'accoupler avec plusieurs partenaires, mais restera définitivement avec celui qui est capable de chasser les autres de son territoire et de nourrir sa famille.

La gestation dure une 50aine de jours. Avant la mise bas (accouchement), le couple visite plusieurs endroits avant de choisir le plus adéquat à la vie de famille. Ce sera soit dans un terrier qui appartient initialement à un autre animal que le couple de Renards ne mangera pas et avec lequel il cohabitera, soit dans un abri naturel. En général l'habitation est orientée vers le Sud, est éloignée du danger pour que les petits puissent aller dehors, a plusieurs sorties et se situe près d'un point d'eau. Si la femelle doit déplacer ses Renardeaux, par exemple pour des raisons de sécurité, elle les saisit par la nuque avec sa gueule.

Une portée est régulièrement composée de 5 ou 6 petits, mais parfois elle monte jusqu'à 14.

Vie de Famille

A la naissance, la mère nettoie ses petits en les léchant et si certains sont anormaux (difformes et/ou handicapés) elle les élimine en les dévorant. Les Renardeaux pèsent environ 100g, sont aveugles avec un pelage bleu-gris, mais ouvriront les yeux au bout de 10-12 jours et prendront progressivement leurs couleurs adultes à partir de l'âge de 6 semaines. La mère surveille ses petits pendant 2 semaines durant lesquelles le père n'est pas autorisé à rentrer, il se contente de ramener la nourriture sur le seuil. La femelle recommence petit à petit à sortir au bout d'une 10aine de jours, pour se désaltérer et chasser, mais sur de courtes périodes pour ne pas laisser sa progéniture seule. Elle allaite pendant environ 18 jours, puis régurgite de la nourriture quand les 1ères dents apparaissent, avant de lui donner de petits bouts de viande. A ce moment-là, les petits font presque 1kg. Ils vont commencer à se bagarrer entre eux ce qui amènera à une hiérarchie familiale basée sur la force. Le sevrage est achevé entre 6 et 9 semaines, à partir de ce moment ils se nourrissent exclusivement de petites proies ramenées par les parents.

Aux alentours du mois de Juillet, la famille quitte le terrier pour trouver une zone plus propice à la chasse et à la cueillette, où les petits canidés deviendront autonomes. Les jeunes mâles partent mener leur vie en solitaire vers l'Automne, ensuite ce sont les femelles sauf celles qui préfèrent rester près de leurs parents mais seront alors soumises à leur autorité.

Sociabilité

Particulièrement intelligent, curieux, discret, le Renard Roux s'adapte à tous les environnements mêmes urbains. Il vit en couple, parfois en groupe avec un couple alpha à sa tête, cela dépend des ressources en nourriture disponibles. Généralement, il domine les autres espèces de Renards avec lesquelles il est en constante compétition pour le contrôle des territoires, chacun n'hésitant pas à dévorer la progéniture de l'autre. Ce cas de figure ne se présente pas en Auvergne puisqu'on n'y trouve pas d'autres espèces de Renards. De plus, n'étant pas de nature agressive, l'animal n'attaque pas les bêtes qui ne sont que de passage dans ses frontières. La mère Renarde s'occupe des Renardeaux, le père protège le terrier, mais occasionnellement il peut s'en occuper un moment. Les Renardeaux se languissent de l'absence de leur mère.

Il chasse en solitaire pour ramener à manger au terrier ou pour le plaisir. Il est très joueur, en société, les Renards s'invitent avec une révérence, se dressent sur leurs pattes arrières, luttent, font des courses poursuites, s'arrêtent de jouer s'ils se font mal (mouvement brusque, morsure trop forte...). Le Renard ressent la tristesse, la mort d'un proche lui est douloureuse.

Il communique par les odeurs, marquant son territoire grâce à des glandes anales ou par l'urine, une autre glande sur la queue pour la période reproductive dégageant une odeur de violette, d'autres encore entre les orteils pour indiquer son passage.

 

SECONDE PARTIE : L'intérêt de préserver le Renard

Les renards sont classés comme des animaux dit « nuisibles », ou « susceptibles d’occasionner des dégâts » au sens de l’arrêté du 3 juillet 2019 pris pour l’application de l’article R.427-6 du Code de l’Environnement. C’est pour cette raison qu’ils peuvent être chassés toute l’année, que ce soit par l’intermédiaire de piégeages, de tirs, de déterrages, de chasse à courre, de battues administratives… Résultat, chaque année en France, ce sont entre 600 000 et 1 million de renards qui sont tués par les chasseurs. Cependant, dans les faits, leur présence est beaucoup plus bénéfique qu’elle ne pose de problèmes ; les renards étant en réalité de précieux alliés, tant sur le plan économique que sanitaire. En effet, ces animaux, très appréciés des promeneurs, sont des prédateurs très utiles pour les agriculteurs car ils limitent la présence des petits mammifères dans les champs. Les renards permettent également de limiter la propagation de parasites vecteurs de maladies telles que la maladie de Lyme.


Les copains des agriculteurs

Les petits mammifères font des dégâts colossaux sur les cultures et détériorent la qualité des fourrages. Parmi les bêtes noires des agriculteurs figurent notamment les campagnols ou rat taupier et les lapins. A titre d’exemple, un campagnol mange jusqu’à 50 kg de végétaux par an selon le docteur en éco-éthologie et en ethnozoologie Denis Richard Blackbourn. Ils sectionnent les racines des cultures et suivent les lignes de semis pour manger les graines et ont un taux de reproduction de 1 à 50. Chaque couple de ses petits rongeurs peut mettre au monde plus de 100 individus par an, qui peuvent, eux-mêmes, faire naître 5000 campagnols l’année suivante.

Le renard étant le principal prédateur des campagnols (chaque année un seul renard consomme en moyenne 5000 rongeurs, chiffre qui peut monter jusqu’à 8000 individus !), il se révèle donc être un précieux allié pour les agriculteurs (gratuit qui plus est !). En effet, sans sa présence, les petits mammifères prolifèrent et détruisent les cultures. Un article de Midi Libre illustre très bien ce propos en mettant en lumière le fait que les populations de petits rongeurs foisonnent dans le Sud-Est de l’Hérault, là où les renards sont tués en grand nombre.

En l’absence de renards pour faire ce travail de régulation des petits mammifères, les agriculteurs ont le choix entre 2 situations :

  • Supporter un lourd coût financier liés aux dégâts subit : Christophe Gatineau (agronome) estime que la présence d’un seul renard permet d’éviter environ 2400 € de pertes par an et par agriculteur liés aux dégâts causés par les campagnols ;
  • Utiliser des produits phytosanitaires (rodenticides) dangereux et onéreux, tout en sachant les risques encourus liés à l’utilisation de ces intrants, à la fois pour les 1ers concernés, c’est-à-dire les agriculteurs eux-mêmes, mais aussi pour l’ensemble de la société (produits hautement polluants et cancérigènes).

Aucune de ces solutions n’est viable, à cours, moyen ou long termes. Voilà pourquoi il conviendrait de laisser les renards vivre et chasser en paix. De plus en plus d’agriculteurs souhaiteraient d’ailleurs travailler en collaboration avec ces mésoprédateurs. En voici 2 exemples :

  • Pour le PDG des pépinières Gradilis, Olivier Grard, « il faudrait réintroduire les renards dans les campagnes » pour éviter la prolifération des lapins qui s’attaquent aux arbres et aux céréales ;
  • Michel Pritzy, un agriculteur à Chapelle-D’Huin dans le Doubs, milite pour l’arrêt du tir sur les renards. Suite à sont passage dans un documentaire diffusé par France 3 en décembre 2020, il a reçu de nombreux témoignages d’agriculteurs, qui en très grande majorité, sont favorables à l’arrêt des tirs sur ces animaux.

Certains diront qu’il est cependant nécessaire de chasser le renard car celui-ci est susceptible de s’attaquer aux poulaillers. Ceci n’est en rien une solution, car avant de rejeter la faute sur des animaux (qui soit dit en passant, chassent pour satisfaire un besoin vital de nourritur, il conviendrait de vérifier et améliorer l’enclos de nos animaux domestiques afin d’empêcher que les renards ne puissent y accéder.

La chasse aux renards, en plus de détruire la biodiversité et déséquilibrer les écosystèmes est tout simplement inutile car ces animaux ont la capacité naturelle de s’autoréguler, comme cela a été dit plus haut. Par ailleurs, les tentatives de régulation des renards par l'Homme sont souvent vaines car tout territoire disposant de ressources alimentaires suffisantes est automatiquement repeuplé par des renards rôdeurs et les renardes compensent la disparition de leurs congénères par une plus grande prolificité.

Détruire certaines espèces c’est empêcher la nature de se réguler par elle-même… Les animaux n’ont pas attendu la présence de l’Homme pour réguler leur population. ;)


L’utilité du renard d’un point de vue sanitaire

La présence de renards permet de limiter la propagation d’épidémies (ces animaux étant aussi des charognards, ils participent à l’élimination des animaux malades et des cadavres) et de réduire la transmission de maladies véhiculées par les tiques dont la très redoutée maladie de Lyme.

En 2012, une équipe de chercheurs menée par Levy et al. mettait en évidence le lien entre la perte de biodiversité et le développement de la maladie de Lyme en démontrant notamment que l’émergence de cette maladie en Amérique du Nord était due à la diminution du renard roux, prédateur de rongeurs, hôtes privilégiés par la majorité des tiques.

En 2017, une équipe de chercheurs menée par Tim R. Hofmeester de l‘Université de Wageningen a confirmé ces dires par des analyses de terrain, en démontrant qu’en régulant les populations de rongeurs porteurs de tiques, l’activité des prédateurs abaissait le nombre de tiques dans un écosystème. Or, moins il y a de tiques numériquement et moins elles peuvent elles-mêmes être infectées par des pathogènes comme la bactérie responsable de la maladie de Lyme. La corrélation entre l’activité des prédateurs, la densité totale de tiques et la densité des tiques infectées par des agents pathogènes transmissibles est clairement établi par cette étude. Celle-ci confirme donc que la diminution des prédateurs, tels que le renard roux, la marte, le putois ou le blaireau, ont des effets directs sur la transmission des pathogènes responsables de maladies telles que la borréliose de Lyme. Conclusion : la protection des espèces prédatrices précédemment citées est une solution pour diminuer la prévalence de maladies transmises par les tiques.

La liste des animaux classés comme « nuisibles » ou ESOD (Espèces Susceptibles d’Occasionner des Dégâts » doit être revue en 2022. L’occasion et le timing sont donc bon pour faire entendre plus fort la voix des renards en signant cette pétition qui demande le retrait du renard de cette liste : https://www.mesopinions.com/petition/animaux/renards-nuisibles-vraiment/35801


Sources :
https://www.fondationbiodiversite.fr/communique/renard-et-risuqe-transmission-maladie-de-lyme/
https://reporterre.net/Allie-des-agriculteurs-le-renard-est-pourtant-abattu-Arretons-le-massacre
https://www.midilibre.fr/amp/2021/10/30/herault-le-renard-lallie-des-agriculteurs-contre-les-petits-rongeurs-9898588.php
https://www.leveil.fr/puy-en-velay-43000/actualites/haute-loire-le-renard-nest-pas-un-animal-nuisible_13616041/?fbclid=IwAR2uv1gsAj0hJqGrn1WF0qLrbYLghpGFEu_WjoXP0MnlOsmWW9HuitfU6z4#refresh
Associations One Voice et ASPAS

 

Les renards font partie intégrante d’un écosystème équilibré. :)

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