Guillaume de Sam, ou le Baron Guillaume II de Murol, né en 1348, adoubé Chevalier à l'âge de 50 ans, mort vers 1440, donc aux alentours de l'âge de 92 ans ! Soldat, lettré, poète, gestionnaire de ses domaines, aimé de ses serfs. Sa demeure, le Château de Murol, situé dans le village du même nom dans le Puy-de-Dôme en Auvergne, se trouve sur un ancien Oppidum Celtique, devenu Romain, devenu forteresse Médiévale. Je ferai très probablement une note pour Messire et une autre pour ce charmant village que je vous encourage à visiter, notamment en été pendant le Festival Médiéval.
Mais ce qui m'intéresse ici c'est qu'on a retrouvé les comptes du Seigneur Guillaume, dont ceux de sa cuisine, et on peut précisément savoir ce qu'il mangeait quotidiennement, ce qui permet d'avoir une idée de ce que consommait la Seigneurie Auvergnate du XIVème siècle.
En gros ça nous donne, par jour :
1,2kg de pain, 350/400g de viande, 70/75g de fromage, 15g de beurre, 2L de vin blanc. Les jours maigres comme le Vendredi ou pendant le Carême par exemple, les produits animaux hors poisson sont proscrits, la viande est donc remplacée par de l'animal aquatique et le beurre par de l'huile. Il mangeait peu de légumes, fruits, lait frais, oeufs ou autres.
J'ai calculé que ça donnait environ 180g de protéines, 680g de glucides et 80g de lipides, ce qui nous fait plus de 4000 kcal par jour sans l'alcool ! En ajoutant l'éthanol du vin blanc, on atteint environ 1500 kal de plus, pour un total de 5500 kcal ! Cela paraît beaucoup aujourd'hui, mais il faut bien se rappeler qu'à l'époque sans le confort moderne, on bougeait beaucoup plus et on était beaucoup plus sensible aux caprices climatiques. D'autant que les Nobles avaient un accès plus facile à la nourriture, mais en bon militaires ils s'entraînaient régulièrement au combat. Ils étaient souvent plus grands et plus gros que les travailleurs. Et puis il paraît que le vin de l'époque était moins alcoolisé que de nos jours, et que les Seigneurs déjà gavés ne mangeaient pas forcément tout leur repas, surtout le pain, les restes étaient donnés aux pauvres. Il faudrait donc revoir l'apport calorique un peu à la baisse.
Mais contrairement à ce que l'on peut penser actuellement, même si les Paysans, les Marins et Soldats avaient moins de choix alimentaires, leur travail nécessitait au moins 3500 kcal par jour. Les périodes où la viande coûtait chère, on se rattrapait sur les laitages et les légumineuses. Mais tout ceci sera détaillé prochainement dans une autre note, je voulait juste souligner que contrairement à ce que chantent à tue-tête les Révolutionnaires depuis au moins le XVIIIème siècle, les "Gueux" n'ont pas crevé la dalle pendant 1000 ans d'affilée. Même s'il faut bien admettre qu'en dehors de certains Moines, le Clergé ne foutait pas grand-chose physiquement parlant et l'obésité y était plus fréquente qu'ailleurs.
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