Fête des Brandons (16/02/2021)
Le 1er Dimanche du Carême, juste après le Mercredi des Cendres, est dit Quadragésime, signifiant simplement 40, Carême. Selon les années, il peut se situer entre le 8 Février et le 14 Mars. Comme tous les Dimanches, il s'agit d'un jour de repos, on n'est donc pas tenu de jeûner ce jour-là. Traditionnellement, en Auvergne et dans d'autres régions, c'est même l'inverse ! C'était la Fête des Brandons (Torches). On reprend un peu l'idée de la Chandeleur et du Mardi-Gras avec des marches aux flambeaux (les fameux Brandons) en pleine nuit, sous le ciel étoilé, afin de purifier les champs et le bétail, suivies d'une dégustation de crêpes.
Rituels des Brandons
On se rend sur les places des villes et villages, dans les vergers, les vignes, les champs et bien entendu, sur les collines, pour y allumer des Fougards (bûchers), on fait également des cercles de feu autour des arbres fruitiers, dans certaines communes c'est même de moment de brûler Carmentran (le Bonhomme Carnaval), sentence déjà appliquée pendant le Carnaval dans d'autres localités afin de conjurer l'Hiver. Aussi, on enflamme des Croix de Paille aux carrefours. Comme la Chandeleur et probablement dans sa continuité, c'est un rituel de purification contre les intempéries et surtout contre les parasites qui pourraient nuire à la végétation et au bétail. C'était la même méthode au Moyen-Age pour limiter la propagation de la Peste Noire (et effectivement ça limitait les problèmes). Toutes les hauteurs environnantes s'illuminent. On danse autour du feu, chante, saute à travers les brasiers, secoue les torches pour que la cendre fertilise les terres. On en garde aussi pour la paille du bétail dont les nids des poules, en priant que cela les rende féconds et/ou leur fasse pondre beaucoup plus d'oeufs, et pour mettre dans la lessive, cela porterait bonheur. Les femmes mariées qui sautent à travers les flammes aussi seront bénies si elles veulent procréer, un peu comme à la Saint-Jean d'Eté. Dans certaines localités, on fait un petit feu devant la maison des jeunes épouses ou des nouveaux venus pour leur porter chance dans la fondation d'une famille, dans d'autres on brûle l'effigie du vieux garçon du coin qui a été préalablement promenée sur un âne, à la manière de la Fête des Cornards, pour inciter le gars ainsi caricaturé à se fiancer. Après tous ces rituels, on se réunie sur la place ou on rentre à la maison et on déguste des crêpes, des bugnes et d'autres pâtisseries locales arrosées de vin chaud qui vont tant manquer durant les jours maigres du Carême. Dans quelques coins, au moment de retourner chez soi, les jeunes hommes couvrent le visage de leur promise d'un mouchoir, pour indiquer qu'ils et elles resteront sages durant cette période d'abstinence.
Survivance d'un Culte Antique
Au début du XXème Siècle, où beaucoup de personnes parlaient encore les langues Auvergnates et Occitanes locales, une étrange chanson était poussée durant la marche nocturne : «Granno mo mio, Granno mon pouère, Granno mo mouère!» ou «Grannas mias». Comme ça, on dirait simplement du patois. Pourtant, plusieurs personnes ont été interloquées par ce terme, «Granno/Grannas». Elles y ont vu une évocation de Grannos, un des noms du Dieu Solaire Gaulois, aussi nommé Bélénos ou Maponos, qui était vénéré par nos ancêtres Celtes dans l'Antiquité. Pour elles, il s'agit évidemment d'une survivance d'un ancien culte pratiqué à la sortie de l'Hiver ou au Printemps, rappelant Imbolc ou Beltaine. Cela dit, cette donnée reste au stade de la supposition puisque rien ne permet d'attester que le Dieu Solaire était spécifiquement vénéré à cette période de l'année dans notre province. Il faut tout de même bien admettre que c'est troublant...
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15:37 | Tags : traditions, christianisme, paganisme | Lien permanent | Commentaires (0)