Nation Arverne

Tradition

Traditionnellement, les 3 jours de Rogations avant le Jeudi de l'Ascension étaient une période de jeûne. Le Lundi est dédié aux prés, le Mardi aux champs, le Mercredi aux vignes et aux cultures secondaires.  Les participants se voyaient imposer les cendres sur le front et aspergés d'eau bénite avant le départ de la procession pendant laquelle tout le monde marchait pieds nus. On partait dès l'aube. Durant les processions, on fait une halte à chaque Chapelle et à chaque Croix de Carrefour ou de Rogation rencontrées sur le chemin, sur lesquelles on pose des guirlandes de fleurs symbolisant le Printemps, on prie et on chante pendant que le Prêtre asperge les champs alentours avec de l'Eau Bénite. Malgré le jeûne, beaucoup grignotaient et buvaient durant ces pauses, ce qui faisait office de célébrations.

Dans certaines régions, on transportait un Dragon ou une Gargouille de paille symbolisant le Diable ou les Démons de l'Hiver qui répandaient leurs calamités jusqu'en cette période de Printemps. Ce mannequin étaient généralement brûlé le 3ème jour afin d'exorciser le mauvais temps. Il existait aussi une pratique qui consistait pour le Curé à placer une petite pierre marquée d'une Croix dans les champs pour les bénir.

En Auvergne on prévient qu'il ne faut pas boulanger durant les Rogations sinon on risque de manger du pain moisi toute l'année. On dit aussi que faire la lessive à ce moment-là apporte la mort dans la maison. D'après le dicton, le temps qu’il fait au 1er jour des Rogations sera le même que celui de l’époque des foins; le temps du second jour sera celui des moissons; le temps du 3ème jour sera celui des vendanges. 

Histoire des Rogations Chrétiennes

Elles ont été introduites en l'an 470 dans plusieurs régions de Gaule par Saint-Mamert, Evêque de Vienne dans l'Isère. Dès l'an 511, elles sont étendues à tout le Royaume des Francs, puis se répand dans plusieurs pays, et enfin à l'ensemble du Monde Catholique au VIIIème Siècle. Du temps de Saint-Mamert, d'énormes catastrophes climatiques se produisaient régulièrement, comme des tremblements de terre, des inondations et des sécheresses, ainsi que des attaques de fauves sur le bétail et d'insectes sur les plantes. L'Evêque de Vienne avait eu l'idée d'organiser des processions dans les cultures des communes et de les accompagner de rites pendant une période de jeûne, afin de demander à Dieu de protéger les terres, les troupeaux et les ouvriers agricoles des intempéries ainsi que des autres fléaux.   

En Auvergne, elles sont mises en place par Sidoine Apollinaire et Saint-Pourçain sur le modèle de Vienne.

Depuis le Concile Vatican II, les Rogations ne sont quasiment plus pratiquées par les Catholiques, elles n'ont d'ailleurs plus réellement de dates attitrées. Les communautés de croyants sont autorisées à les célébrer quand elles le désirent, mais on peut dire que l'Eglise Moderne a un peu tuée la tradition ancestrale...

Encore un héritage antique ?

Dans la Rome Antique, les Robigalia se situaient la dernière semaine d'Avril pour demander au Dieu Robigus de protéger les cultures des maladies comme la rouille ou la nielle. Pour cela un Flamine allait dans le bois consacré à la divinité pour lui faire des offrandes.
À la même époque, les Ambarvalia se déroulaient le 29 Mai où l'on priait Cérès de donner d'abondantes récoltes et Mars de protéger les cultures et les troupeaux de tous les fléaux. Plusieurs Flamines sortaient de la ville faire des Processions Lustrales autour des champs, qui consistaient donc à les purifier par l'eau.

On suppose que les Rogations descendent directement de ces rites, ce qui est possible pour la Litanie du 25 Avril à Rome, mais on ne saurait le confirmer pour les processions Gauloises du Vème Siècle. Tout de même, il semble plus que probable que les Celtes et autres peuples Nordiques d'Europe aient pratiqués ce genre de rite du temps du Paganisme. On dit que les Gaulois faisaient ce genre de litanies au début du mois de Giamonios (Mai) pour demander à Taranis, Dieu du Ciel et de l'Orage, d'épargner les cultures de sa foudre et sa grêle, de leur apporter la pluie fertilisante et de les protéger contre le gel ainsi que de la sécheresse. Cela expliquerait la présence du Dragon ou de la Gargouille dans les processions traditionnelles médiévales, puisque cette divinité guerrière est l'archétype même du tueur de Reptiles et de Géants, démons qui représentent les forces brutes de la Nature et du Chaos qui ravagent entres-autres les champs. Ce mythe est commun à tous les Indo-Européens, et c'est ce que représentent les fameuses statues Gallo-Romaines dites du Cavalier à l'Anguipède, qui est en fait Jupiter Taranus montant un cheval qui piétine un Géant Reptilien. Cet aspect sera Christianisé avec Saint-Georges terrassant le Dragon et Saint-Michel abattant le Démon. D'ailleurs, dans le Midi de la France, Saint-Georges est considéré comme l'un des Saints Grêleurs, car certaines années le jour de sa fête le 23 Avril, les cultures sont ravagées par la grêle.

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