Jour de l'An Auvergnat (30/12/2020)
Bien que le Jour de l'An ou Saint-Sylvestre soit fêté quasiment par le monde entier à la même date, à savoir la nuit du 31 Décembre au 1er Janvier, il n'en a pas toujours été ainsi... Et malgré la Mondialisation il existe encore des spécificités propres à chaque culture. Au début du XXème Siècle l'Auvergne avait encore ses coutumes originales.
Cette page sur le Jour de l'An sera composée de trois parties : les Traditions Auvergnates, le Gui l'An Neuf et l'Histoire de la Saint-Sylvestre.
Traditions Auvergnates du Nouvel An
Durant la nuit de la Saint-Sylvestre, du 31 Décembre au 1er Janvier, à Minuit il faut se faire la bise ou s'embrasser sous le Gui. Dans le Bourbonnais et certains coins d'Auvergne où le Père Noël ou Paulate n'est traditionnellement pas présent(e) pour Nadaou, le Bonhomme Janvier laissait des cadeaux pour les enfants. Il faut également se dépêcher d'atteindre la fontaine ou le puit le plus proche, car cela porte bonheur pour toute l'année au premier qui y puisera de l'eau !
En Auvergne le 1er Janvier est l'unique jour de l'année où il ne doit y avoir aucun conflit, même pas avec les voisins... C'est peu dire que l'Auvergnat d'antan était querelleur ! Mais pas ce jour-là, qui est celui des voeux et des étrennes. Il faut d'ailleurs rendre visite au voisinage pour lui souhaiter une bonne année et de bonnes récoltes. Quand on reçoit du monde, on allume la Chandelle de Noël, qui était sur la brioche dédiée (voir Noël/Nadaou) et on la pose à côté de la coupelle où les enfants avaient mis à germer les lentilles ou le Blé de Noël. On accueille ses invités avec de la charcuterie et des pâtisseries, c'est aussi l'occasion de boire un verre de liqueur ainsi que de faire goûter le vin nouveau, ou regoûter pour ceux qui l'ont déjà fait lors de la Saint-Jean d'Hiver, le 27 Décembre.
Dans le Velay, il était de coutume de manger des lentilles le 1er Janvier en espérant que cela amène la prospérité durant toute la nouvelle année.
A l'instar de Nadaou, le Nouvel An est un jour de quête en faveur des plus démunis.
Au Gui l'An Neuf
Le Gui est une plante qui reste verte en Hiver, elle symbolise l'Immortalité et la Renaissance de la Nature. D'après les Druides, elle peut tout guérir, assurer la fécondité des couples et du bétail, ainsi que chasser les mauvais esprits. Celui qui est cueilli sur le Chêne est le plus rare, donc il est celui qui a le plus de propriétés. Les Grecs l'associaient à Hermès, Dieu de la Connaissance et Messager de l'Olympe, et les Germains à Freya, Déesse de l'amour, de la beauté et de la fécondité. Les Romains en cueillaient pour leurs maisons durant les Saturnales afin de leur donner chance et protection. C'est donc une plante de très bon augure pour l'année qui arrive, elle porte bonheur!
Selon la légende, un homme devait embrasser toute jeune fille qui, sans s'en rendre compte, se trouvait par hasard sous une branche de gui suspendue au plafond. Un baiser échangé par un couple d'amoureux est interprété comme une promesse de mariage, et comme un présage de bonheur et de longue vie. Si deux ennemis se croisaient sous des branches de gui, ils devaient déposer leurs armes et arrêter les hostilités. On dit que depuis au moins le Moyen-Age on criait «Au Gui l'An Neuf» pour dire Bonne Année, mais ce serait la déformation d'une formule Celtique signifiant «Que le Blé Lève» ou du Latin Kalendae signifiant Cadeaux. Quelque soit la vraie expression, cela reste un voeu de prospérité. Ces traditions nous viendraient des Celtes et/ou des Germains.
Histoire du Nouvel An
Le Calendrier Celtique débutait à Samonios, qui correspond approximativement à notre actuelle Toussaint et est l'ancêtre d'Halloween, donc se situait vers fin Octobre/début Novembre (voir Samonios/Toussaint). Elle marquait le passage de la Saison Claire à la Saison Sombre, on fait des offrandes pour apaiser les Dieux et les Défunts, on célèbre la Lumière par le Feu, on se déguise pour éloigner les Esprits Frappeurs... On ne sait pas vraiment si c'est dût à la Romanisation des Gaules, leur Evangélisation ou leur Conquête par les Germains, mais cette date ne marque plus le Nouvel An depuis fort longtemps.
Le Calendrier Julien, du nom de Jules César, est adopté en l'an 46 avant Jésus-Christ par Rome. L'année commence alors le 1er Janvier, mois dédié à Janus, le Dieu aux deux visages regardant chacun dans le sens opposé de l'autre. Il symbolise le passage du passé à l'avenir, d'une année ou d'une saison à l'autre, le lever du jour, ou encore le franchissement des portes. Il était bien évidemment fêté le 1er Janvier. On vénérait la Déesse Strena, qui donnera son nom aux Etrennes, les cadeaux du Nouvel An dont certains pouvaient être trouvés dans la forêt consacrée à cette divinité, comme du bois précieux ou des plantes porte-bonheur. Strena signifie Présage, au sens de Bon Augure pour l'année à venir, d'où la tradition des voeux et des résolutions. On faisait aussi des sacrifices à Janus, ainsi que des offrandes de fruits et de miel. Durant la nuit du Nouvel An, on faisait beaucoup de bruit et de lumière afin d'éloigner les mauvais esprits.
Remarque : malgré la différence de calendrier, on retrouve plus ou moins le symbolisme des offrandes, des lumières et des esprits qu'on a chez les Celtes.
Cette fête Romaine va perdurer malgré la Christianisation, que l'Eglise tentera d'abolir en vain. Elle chercha même à interdire le Gui, jugé Païen, afin de le remplacer par le Houx, qui rappelait davantage la Couronne d'Epine du Christ. Faute de pouvoir entamer la popularité de cette célébration, on se contentera de lui donner un vernis Chrétien en l'appelant Saint-Sylvestre, du nom du Pape Sylvestre Ier. Pourtant, rien ne semble justifier d'avoir choisi ce Pontife-ci plutôt qu'un autre.
En Gaule puis dans le Royaume des Francs, la date choisie pour le Nouvel An changera plusieurs fois et pourra être différente selon les Provinces. Par exemple sous Charlemagne, l’année commence à Noël, du temps des Rois Capétiens, c'est Pâques, dans certaines régions c'est le 25 Mars, puis elle repassera au 24 Décembre jusqu'en 1582, où l'on met en place le Calendrier Grégorien. On fixe alors le début de l'année au 1er Janvier en Europe pour des raisons pratiques. En effet, chaque Nation et/ou Etat avait sa date traditionnelle propre, et dans le cas des Empires puissants qui gouvernaient plusieurs peuples hétéroclites, la gestion devenait vite compliquée. Il paraîtrait qu'au fil des siècles suivants, le Nouvel An aurait perdu de son faste au détriment de Noël. La Révoltion Française a même tenté de le supprimer entre 1792 et 1806 quand elle a instauré son Calendrier Républicain, afin de le remplacer par le 1er Vendémaire (22 Septembre). Il ne serait redevenu populaire qu'après la Première Guerre Mondiale, car le 31 Décembre 1915, on distribuait des suppléments en nourriture, des cigares et des bouteilles de mousseux aux Soldats Français, à déboucher à Minuit. Les Poilus auraient donc conservés cette tradition après l'Armistice de 1918 et l'auraient introduite dans le civil.
De nos jours, malgré le côté commercial de cette fête, le Jour de l'An reste l'occasion de se retrouver entre amis pour passer un bon moment, manger, boire, danser, chanter, s'embrasser sous le gui, se faire des cadeaux, faire sauter des pétards ou des feux d'artifices et tenter d'enterrer l'année qui vient de finir de s'écouler afin de préparer l'avenir sous un meilleur jour avec les fameuses Bonnes Résolutions. La célébration commence le soir de la Saint-Sylvestre le 31 Décembre en attendant Minuit qui démarre donc la nouvelle année tant attendue, là où tout le monde se souhaite Bonne Année. Le tout prend fin quand la dernière personne encore debout va se coucher. Malgré tout ce côté récréatif et de suicide diététique, l'aspect Rite de Passage existe encore bel et bien, même de manière inconsciente.
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