Nation Arverne

Vie de Gabrielle Chasnel

Sa mère, épuisée par la maternité et le travail, meurt de la tuberculose le 6 Février 1895 à l'âge de 31 ans, Gabrielle n'en a alors que 12. Elle est confiée à Anaïs Clouvel, cousine de sa mère vivant à Thiers. Elle y devient bonne d'enfants et domestique. Il existe aussi une autre version où Gabrielle serait confiée à une Abbaye de Corrèze où elle aurait appris la couture, ce qui semble être une confusion répandue par la Journaliste Edmonde Charles-Roux. En fait c'était Adrienne Chasnel, tante de Gabrielle, qui avait presque le même âge et vivait à l'Abbaye d'Aubazine en Corrèze.

En 1901, Gabrielle a 18 ans, elle échappe à un mariage arrangé en partant s'inscrire chez les Dames Chanoinesses de l'Institut Notre-Dame à Moulins, dans l'Allier pour y apprendre le métier de Couseuse. Elle n'a malheureusement pas les moyens de payer sa scolarité, elle entre donc en tant que "Pupille", c'est-à-dire comme élève mineure sous la tutelle de l'Institut, et sera donc traitée différemment de ses camarades plus aisées. Elle y retrouve Adrienne, sa tante anciennement placée à Aubazine. Devenues compétentes, les 2 jeunes femmes sont placées par les Chanoinesses à la Maison Grampayre en tant que Couseuses en 1903.

Naissance de Coco

Cela dit la perspective de rester simple couturière d'atelier ne sied guère à Gabrielle, qui rêve de gloire. Dès 1907, elle se met à fréquenter les lieux chics de Moulins, dont le café-concert La Rotonde pour lequel elle finit par chanter, dont régulièrement le morceau "Qui qu'a vu Coco dans l'Trocadéro" qui va lui donner son surnom, Coco. Petit à petit, elle devient une jeune femme de plus en plus convoitée par les militaires et les jeunes fortunés. Elle rencontre Etienne Balsan, un peu moins âgé qu'elle, riche officier qui quitte l'armée pour faire de l'élevage de chevaux. Elle le suit dans son Domaine de Royallieu dans l'Oise où elle apprend la vie de la Haute Société durant un peu moins d'1 an, mais contrairement à ce qu'elle espérait, elle trouve vite tout cela très ennuyeux. Cependant, elle ne travaille plus et n'a nul par ailleurs où aller.

C'est pourquoi elle continue à coudre, une manière de passer le temps et d'améliorer sa façon de s'habiller. Elle créé ses propres vêtements qu'elle arbore en société. Faire partie du monde équestre a une profonde influence sur son évolution, portant souvent des pantalons, des cravates, des polos et faisant tenir ses cheveux avec des bandeaux, comme quand elle est à cheval. Elle s'habille aussi parfois en noir et blanc, couleurs inspirées des habits des religieuses, et fabrique aussi des chapeaux originaux, le tout dans un style relativement sobre par rapport à la mode de l'époque. Ses créations font sensation auprès des femmes de la Haute qu'elle fréquente au château, qui lui demandent de leur fabriquer des couvre-chefs. Cela est remarqué par un ami de Balsan, un Anglais nommé Boy Capel, Aristocrate influent, joueur de polo et homme d'affaires, qui jouera un rôle important auprès des Gouvernements Français et Britanniques pendant la 1ère Guerre Mondiale. Ce dernier, qui accessoirement deviendra son amant, lui conseille de lancer sa propre ligne de vêtements.

La Maison Chanel

En 1909, Coco improvise un atelier dans la garçonnière de Balsan située en plein Paris, et demande l'aide de sa tante Adrienne et de sa soeur Antoinette. En 1910, Boy Capel, son amant Anglais, lui prête de l'argent pour qu'elle puisse ouvrir son propre salon Parisien nommé "Chanel Modes". Puis son activité se développe, elle ouvre des boutiques à Deauville en Normandie et Biarritz au Pays Basque entre 1913 et 1915. Mais à cause de la 1ère Guerre Mondiale, il y a pénurie de matière première, Coco fabrique donc des robes en découpant des tissus destinés aux vêtements et sous-vêtements militaires. Elle créé une ligne de vêtements simples et pratiques, pour que les femmes minces puissent bouger, faire du sport, ce qui était perçu à l'époque comme une libération de leur corps soumis à la mode de l'étouffant corset. Elle popularise également les cheveux courts chez la gente féminine. Puis elle lance sa propre marinière, le fameux haut à rayures. Après la fin de la guerre en 1918, sa maison de couture est l'une des plus importantes de France, elle a réussi un incroyable développement malgré le conflit, avec plus de 300 couturières, elle parvient même à rembouser l'argent avancé par Capel.

Cette même année 1918, l'amant Anglais est obligé de renoncer à Coco pour épouser une Aristocrate de son rang, Diana Wyndham. Il périt dans un accident de voiture peu de temps après, le 22 Décembre 1919. Coco se sentira d'abord humiliée par son mariage, puis effondrée par sa mort, perdant 2 fois de suite le même être cher.

Dès 1921, Coco étend son empire en rachetant plusieurs bâtiments bien placés dans Paris. Elle multiplie les liaisons amoureuses avec des hommes importants et se fait des amis dans les milieux artisitiques, dans les 2 cas la plupart auront des influences certaines sur ses créations. Ils lui demanderont même de faire des costumes pour des ballets, le cinéma et le théâtre. Toujours dans la recherche du vêtement qui est à la fois simple, élégant et pratique pour bouger, elle fait aussi dans les accessoires cassant avec cet aspect jugé austère par ses concurrents, toujours ses chapeaux et ses sacs, mais également des bijoux et des parfums. Le célèbre "N°5" conçut avec le parfumeur Ernest Beaux, dont le flacon ressemble à une bouteille de Vodka des Troupes Impériales Russes, idée inspirée par un amant en la personne du Grand-duc Dimitri Pavlovitch de Russie, et revendu par les Wertheimer, 2 frères Juifs qui accaparent 90% des droits sur ses parfums.

2de Guerre Mondiale

Quand éclate la 2de Guerre Mondiale en 1939, Coco lance une ligne de vêtements Patriotes, la collection Bleu-Blanc-Rouge. Peu de temps après, elle ferme sa maison de couture, préférant se concentrer sur ses parfums. Elle vire donc ses 4000 ouvrières, sans regrets paraîtrait-il, puisque ces dernières auraient participé aux mouvements de grève de 1936 pour lui réclamer de meilleures conditions de travail et des augmentations de salaire. Elle entend aussi profiter des Lois Antisémites pour récupérer ses parfums principalement détenus par les frères Juifs Wertheimer, ce qui échoue puisque ceux-ci, avant de s'exiler aux Etats-Unis d'Amérique, en ont cédé le contrôle à l'Industriel Félix Amiot, donc un Français légalement considéré Aryen.
Elle devient la maîtresse du Baron Hans Gunther von Dincklage, membre du Renseignement Militaire Allemand logeant à Paris pour favoriser la Collaboration. Elle-même sera recrutée peu de temps après en tant qu'Espionne pour le compte du Reich, ses relations avec des Anglais influents étant vues comme un atout pour tenter de convaincre le Gouvernement Britannique à signer une paix séparée avec l'Allemagne. Pendant la Libération en 1944, soupçonnée d'avoir collaborée, Coco est interrogée par les Forces Françaises de l'Intérieur (FFI) qui la relâchent par manque de preuves, mais elle préfère tout de même s'exiler en Suisse, ne revenant qu'occasionnellement à Paris. Elle n'a donc plus ni vêtements à vendre, ni parfums, pourtant ses commanditaires sont toujours en contact avec elle et lui en réclament.

Retour de la Maison Chanel

Sur demande régulière de ses anciens clients et collaborateurs, dont les frères Wertheimer qui ont repris leurs droits sur les Parfums Chanel, Coco saute le pas et revient à Paris en 1954 pour relancer sa marque. Elle a alors 71 ans. Sauf que ce n'est pas une mince affaire, Christian Dior a remis à la mode les corsets et autres robes bouffantes dès la fin de la guerre. Du coup sa 1ère collection, fidèle à ses aspirations originelles, avec des robes pratiques et près du corps pour femmes minces libérées, a peu de succès. Pourtant elle ne s'avoue pas vaincue et lance le Tailleur en Tweed Gansé qui va avec le sac à main "2.55", une blouse en soie et des chaussures bicolores. Ce coup-ci, c'est un succès, c'est le grand retour de Chanel, de nombreuses actrices adoptent cet ensemble qui s'exporte bien et d'autres marques s'en inspirent. Son tailleur et sa petite robe noire restent des classiques encore aujourd'hui.

Pourtant les années 1960 vont bousculer tout ce petit monde, avec une jeunesse souhaitant s'émanciper des codes vestimentaires de ses parents jugés trop austères. C'est le temps des minijupes et des "Blues Jeans" pour femmes avec toutes les revendications progressistes qui vont avec ces panoplies, souvent portées par les Hippies ou d'autres groupes et popularisées par la Musique Pop. Coco ne s'inclinera jamais devant ce nouveau paradigme, toujours attachée à la révolution culturelle qu'elle avait elle-même lancée avec ses créations par le passé, d'ailleurs elle n'appréciait guère l'Idéologie Féministe de plus en plus mise en avant. Elle devient de plus en plus renfermée, insupportable avec ses employés et ses collaborateurs, est-ce à cause des changements de la mode, de l'âge ou de la solitutide, peut-être un peu tout cela à la fois.

Fin de Coco

Coco Chanel meurt le 10 Janvier 1971, à l'âge de 87 ans, dans sa suite de l'Hôtel Ritz, Place Vendôme à Paris. Ses funérailles ont lieues dans l'Eglise de la Madeleine, et son corps est transporté puis inhumé à Lausanne en Suisse. Sa fortune est léguée à sa  Fondation Coga (Coco Gabrielle) chargée de redistribuer ses rentes à ses proches, ses employés et des artistes ayant travaillés avec elle. Son appartement situé au-dessus de la Boutique Chanel au 31 Rue Cambon à Paris est resté inchangé et parfois visité. En 1976 c'est Alain Wertheimer, issu de la famille Juive qui détenait déjà les parfums, qui prend la direction de la Maison Chanel, et Karl Lagerfeld est nommé Directeur Artistique de 1983 à sa mort en 2019. Son poste est alors repris par Virginie Viard, une de ses collaboratrices.